On comprend le président de la République : il n’est pas niais au point de ne pas savoir que ses amis, en ces temps de forte impopularité, sont rares. Il y a bien quelque 250 députés socialistes qui votent (presque) aveuglément en faveur des lois proposées par le chef du gouvernement. Mais déjà le PS a perdu ses bases territoriales aux municipales et aux départementales, avec une perspective de défaite identique aux régionales de décembre.
Que lui reste-t-il ? Les communistes aiment bien les petits accords locaux avec le PS qui leur permettent d’exister encore un tout petit peu, mais il ne voteront pas pour lui dans deux ans. Le parti de gauche (Mélenchon) voue au président une haine inexpiable. Le chef de l’État n’a pas caché qu’il pensait très fort aux écologistes. Pour ne pas se les aliéner, il les a laissés partir avec Jean-Marc Ayrault lors du remaniement qui a suivi les municipales il y a un an. Il courtise Cécile Duflot au-delà de la politesse élémentaire, et a abandonné M. Valls aux invectives de la pasionaria écolo, sans y mettre le holà. Il essaie même de créer un nouveau bloc écologiste, qui larguerait les éléments irrédentistes comme Mme Duflot, et réunirait Jean-Vincent Placé (sénateur qui ne sait plus quoi faire pour avoir un job de ministre), Barbara Pompili, bien plus gracieuse que Cécile Duflot, ou François de Rugy.
Un parti menacé de scission.
À ces « mous » d’EE-LV, M. Hollande souhaiterait associer des gens qui sont souvent des visiteurs du soir, comme Jean-Luc Benhamias, furieusement écologiste mais compatioble avec n’importe quel parti (il les a tous faits, de EE-LV au MoDem), Nicolas Hulot, bien sûr, qui plane au-dessus de la mêlée politique, Corinne Lepage, qui fait de l’écologie à partir du centre droit ou centre gauche, on ne sait plus très bien, mais peu importe. M. Hollande a donc la témérité des gens qui traversent la rue sans prendre de précautions. Comme il n’y a pas d’homme ou de femme politique qui n’ait exprimé ses sentiments écologistes et son amour de la nature, il en trouvera assez pour se créer une nouvelle majorité. Sauf qu’à EE-LV, on n’est pas qu’écologiste. On est aussi d’extrême-gauche et, au fond, Mme Duflot ne cache pas que, pour sa part, elle en est à se demander si elle ne doit pas s’allier à Jean-Luc Mélenchon. Je ne sais pas si les écolos ont parlé samedi dernier de ce projet, mais je devine qu’il ne se réalisera pas sans une scission du mouvement. C’est seulement si Mme Duflot commettait cette erreur stratégique que M. Hollande recueillerait une fraction de ses adhérents, souvent plus intransigeants, d’ailleurs, que leurs principaux dirigeants.
Tout ça pour dire que le président est en train, par désespoir, d’envisager des alliances de bric et de broc dont le principal effet ne sera pas de lui offrir une majorité, mais de pulvériser la gauche, déjà fracturée. Il ne lui reste que deux ans, et il doit recoller des morceaux qui n’appartiennent pas au même puzzle. Une pincée d’écolos, un zeste de frondeurs, un grain de centristes, et voilà un rassemblement qui en produira un autre, avec ceux des frondeurs qui rejoindront l’ultra-gauche et Cécile Duflot qui, si elle ne se rend pas aux arguments de ses amis, va lui poser un problème majeur : elle veut être candidate en 2017, ce qui risque de donner au chef de l’État le coup de grâce, en le privant de deux points de pourcentage, sans lesquels il pourrait ne pas franchir le cap du second tour.
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