Une centaine d’acteurs locaux ont participé à la journée de concertation territoriale organisée le vendredi 4 novembre à Marseille dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) en santé, journée conclue par le ministre François Braun. « Le Quotidien » a assisté à cette séance de restitution locale des travaux menés par les élus, professionnels de santé et citoyens participants.
Dans les salles d’ateliers du Cloître (13e), dans les quartiers nord de Marseille, les post-it jonchent les tables désormais vides et de grandes feuilles récap' tapissent les murs. Au-dehors, les amateurs de café qui se sont creusés les méninges toute la journée sont saisis par le vent frais malgré le soleil de cet après-midi d'automne. Au compte-goutte, les rapporteurs des groupes prennent place dans la grande salle où doit avoir lieu la restitution de cette concertation territoriale, dans le cadre du volet santé du CNR.
Inégalités criantes
« Il y a beaucoup à faire à Marseille, avec des inégalités territoriales criantes », cadre Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de la ville, présidente du conseil territorial de santé (CTS) des Bouches-du-Rhône. « Merci d’être venu à l’écoute des acteurs locaux de terrain parce que ce sont eux qui savent et c’est à nous à mettre en place leurs propositions », adresse l’élue, également généraliste, à l’endroit du ministre de la Santé François Braun, en déplacement dans la cité phocéenne.
En dépit des vacances scolaires, « plus d’une centaine de participants », prévenus 15 jours plus tôt, ont pris part à l'événement, une première en Paca, selon l’agence régionale de santé (ARS). Signe de la volonté de n'oublier personne, « tous les membres du conseil territorial de santé ont été invités, explique Caroline Ageron, directrice de la délégation départementale des Bouches-du-Rhône. Et la liste a été élargie aux usagers qui s’étaient inscrits sur le site du CNR. »
Au-delà des revendications catégorielles, 5 minutes pour convaincre
Pour « garder l’esprit du CNR » et que chacun puisse s’exprimer, les intervenants disposent de cinq minutes pour exposer le fruit de leurs travaux. Une fois n’est pas coutume, les professionnels de la santé, du social et du médico-social – du secteur public comme du privé, libéraux et hospitaliers – ainsi que les représentants d’associations de patients sont autour de la table. Format oblige, ils ont planché ensemble sur des solutions pour tenter de répondre aux défis du système de santé, découpés en quatre thématiques : permanence des soins, accès aux soins, prévention et attractivité.
Afin de formaliser leurs recos, les groupes ont rempli un questionnaire, remis à l’ARS Paca, chargée de la synthèse. Quel est le constat ? Quelle est votre idée ? Quels en sont les bénéficiaires ? Quelles sont vos attentes envers les acteurs du territoire et ceux au niveau national ? Conclus par des applaudissements, les exposés s’enchaînent avec une séquence de questions/réponses, dont la première émane du ministre de la Santé lui-même – « J’assume! », lance François Braun.
« C’est le règlement qui doit s’adapter aux initiatives locales »
« Comment voyez-vous l’intégration des libéraux de clinique dans la PDS de spécialité hospitalière comme la cardiologie ? », interroge-t-il très concrètement. Ou encore : « Vous parliez de permanence des soins universelle, c'est-à-dire ? » Pas le sujet le plus facile dans le contexte actuel où la question de la PDS collective à l'échelle territoriale est posée, y compris dans le débat parlementaire sur le budget de la Sécu (PLFSS).
Objectiver à l’échelle territoriale les besoins et les moyens donnés à la permanence des soins en impliquant l’ensemble des acteurs (libéraux et hospitaliers), créer des équipes itinérantes pour les patients sans médecin traitant, les populations précaires ou dépendantes, autonomiser davantage certaines professions de santé avec une montée des compétences pour potentialiser la plus-value de chaque métier... : autant de sujets sur la table. « Ce ne sont pas les initiatives locales qui doivent rentrer dans le règlement mais c’est le règlement qui doit s’adapter aux initiatives locales », assure le ministre de la Santé. « Les directeurs d’ARS vont bientôt avoir la même capacité que les préfets à déroger, ça permettra de pouvoir rendre visible tout de suite ces réflexions », ajoute-t-il.
Partager, c'est avancer
« Les propositions qui émergent, on les connaît tous, commente, en marge, le Dr Laurent Saccomano, médecin vasculaire, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux Paca. Mais déjà, le fait de les partager permet de réfléchir de façon plus concrète aux avancées possibles. »
L’ARS Paca a communiqué les 25 prochaines réunions territoriales. Une séance régionale de restitution se tiendra mi-décembre, à Marseille. « Je suis totalement conquis par la dynamique qu’il y a à ce CNR Santé, comme aux autres d’ailleurs! », s'enflamme François Braun à l’issue d’une heure et demie d’échanges. « C’est parti pour 300 CNR comme ça d’ici la fin de l’année », se félicite le ministre qui compte assister « au plus possible (de restitutions, NDLR), une ou deux par région au minimum ». Avec l'espoir de poser les jalons de la future réforme durable du système de santé.
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