SIX MOIS après avoir été la première organisation internationale à s’interroger sur l’ampleur réelle de la pandémie grippale qui mobilisait alors tous les pays du monde, le Conseil de l’Europe rend des conclusions sévères sur la manière dont l’OMS et les États ont géré cette crise, et réclame notamment « plus de transparence » et une « meilleure gouvernance » dans le domaine des décisions de santé publique.
À l’initiative du Dr Wolfgang Wodarg, médecin et député allemand dont le mandat européen s’est achevé depuis, le Conseil de l’Europe a lancé des auditions auprès des principaux acteurs sanitaires et politiques de la crise, y compris les responsables de l’industrie pharmaceutique et les experts. Ses travaux ont mis en avant le « manque d’indépendance » et les « conflits d’intérêts » qui ont, selon lui, poussé un certain nombre d’experts à surévaluer les risques, avec les conséquences que l’on sait sur les programmes de vaccination. Il a reconnu néanmoins « l’extrême complexité » qui caractérisait l’évaluation de la pandémie H1N1, tout en notant les divergences entre les spécialistes, des positions très alarmistes contrastant avec des opinions rassurantes.
« Gaspillages » et « risques ».
Il n’en reste pas moins, souligne-t-il, que les réponses ont été « surdimensionnées » : la France se retrouve maintenant avec un stock de 25 millions de vaccins qui expireront fin 2010, pour une facture de 365 millions d’euros ; mais « elle n’est pas la seule dans cette situation ». À l’inverse, la Pologne a été l’un des rares pays à ne pas avoir acheté de vaccins, jugés à l’époque trop chers, et s’est contentée d’en fournir à 2 millions de personnes jugées à haut risque. Certains gouvernements nationaux, selon le Conseil de l’Europe, ont subi des pressions pour acheter des grandes quantités de vaccins, mais aussi pour endosser eux-mêmes les responsabilités liées à d’éventuels problèmes de qualité.
À l’issue de son enquête, le Conseil de l’Europe a rappelé, le 24 juin, à Strasbourg, sa grande préoccupation quant à la manière dont la pandémie a été gérée, et le manque de transparence des prises de décisions. Cette politique a eu des effets dramatiques, poursuit-il, comme « la distorsion des priorités des services de santé publique, le gaspillage colossal d’argent public (…) et l’exposition à des risques sanitaires engendrés par des vaccins peut-être insuffisamment testés ». En outre, rappelle-t-il, le risque est grand qu’à force de « crier au loup » sans raison, la population finisse par refuser de se protéger lorsque surviendra la prochaine maladie infectieuse… qui pourrait être vraiment grave.
Denis Durand de Bousingen
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