Le décret du 27 janvier du président Trump interdisant l’entrée aux États-Unis aux citoyens de sept pays à majorité musulmane « menace la sécurité sanitaire de notre pays », déclarait dans un communiqué, le 10 février dernier, le Dr Darrell Kirch, président et directeur général de l’association des universités de médecine américaines (AAMC), qui représente les 147 universités de médecine accréditées aux États-Unis ainsi que près de 400 hôpitaux et centres de soin universitaires. « Nous recommandons avec insistance à l’administration de considérer avec soin les besoins sanitaires alors qu’elle débat le futur du décret », conclut le Dr Kirch.
Conséquences à long terme
Le décret a provisoirement été suspendu, le président américain indiquant qu’il pourrait en élaborer une nouvelle version. Le Dr Kirch avertit que « même si le décret a pour but une pause de courte durée dans l’intérêt de la sécurité nationale, les implications pour l’éducation médicale et la délivrance de soins pourraient être significatives et à long terme ». En particulier, écrit-il, « environ mille diplômés en médecine appartenant aux sept pays concernés ont déposé leurs candidatures pour des programmes d’internat ou de recherche » pour lesquels une décision doit intervenir le 17 mars.
Le Dr Katrina Armstrong, médecin chef du Massachusetts General Hospital à Boston, co-signataire d'un appel dans le « New England Journal of Médecine », indique au « Quotidien » : « Attirer les meilleurs talents vers les centres de recherche biomédicale de premier plan est rendu difficile par toute restriction sur l’immigration (…) (alors) que la diversité de perspective et d’expérience (…) est capitale pour le succès et la production d’idées nouvelles. L’interdiction de voyage aux États-Unis pour des nationalités spécifiques interfère aussi avec les collaborations et les réunions internationales… »
Dès l'annonce du décret, d'autres voix s'étaient élevées. Deux assistants de recherche du centre médical de l’université de Pittsburg, en Pennsylvanie, les Dr Masri et Senussi, témoignaient dans le « New England Journal of Medicine » : « Depuis la signature du décret du président Trump, le chaos règne pour les internes en médecine, les assistants et les bureaux concernés par les diplômés en médecine étrangers. » Selon l’institut de politique migratoire, plus d’un quart des médecins américains en 2010 étaient d’origine étrangère ainsi que 22 % des autres personnels soignants. « Étant donné la pénurie réelle et importante de médecins, les voies d’immigration actuelles sont vitales pour assurer l’accès aux soins et supporter les effectifs médicaux », insistait le Dr Kirch. Les programmes créés envoient de nombreux médecins dans les zones pauvres et mal desservies médicalement.
Les entreprises de biotechnologie menacées
Dans une lettre publiée dans « Nature Biotechnology », les dirigeants de 166 entreprises de biotechnologie ont également dénoncé le décret et demandé qu’il soit annulé : « Si cette politique mal inspirée n’est pas abrogée, l’Amérique risque de perdre sa position de leadership dans un de ses secteurs les plus importants », disent-ils. Une étude publiée dans « Nature » au mois de janvier par des chercheurs du bureau de recensement indique qu’en 2014, 52 % des scientifiques du secteur biomédical étaient d’origine étrangère. Le Dr Jeremy Levin, président et directeur général d’Ovid Therapeutics, une petite entreprise spécialisée dans les maladies neurogénétiques rares explique au « Quotidien » : « L’impact du décret du 27 janvier va au-delà de 7 pays. Il y a une grande peur dans l’industrie aux États-Unis. Quand on bouleverse l’environnement, les gens s’inquiètent… »
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