Comme Emmanuel Macron, le Dr Olivier Véran, 40 ans dans quelques semaines, parle vite et bien. Et comme le locataire de l'Élysée, dont il a été le monsieur santé pendant la dernière campagne présidentielle, le neurologue du CHU de Grenoble est ambitieux. Il aura fallu l'affaire Griveaux et le départ en cascade d'Agnès Buzyn du ministère de la Santé pour Paris pour que celui qui était jusque-là député LREM de l'Isère et corapporteur du projet de loi sur les retraites mette enfin un pied au gouvernement.
« Sur la proposition du premier ministre, le président de la République a mis fin, sur sa demande, aux fonctions de Mme Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. M. Olivier Véran est nommé ministre des Solidarités et de la Santé », a indiqué dans un bref communiqué de presse l'Elysée dimanche 16 février en fin de journée.
Le Dr Véran était resté sur le quai en 2017 lors de la constitution du premier gouvernement d'Édouard Philippe, qui lui avait préféré Agnès Buzyn. L'année suivante, le maroquin de la Santé lui échappe une nouvelle fois au moment où Agnès Buzyn, pressentie pour prendre un siège européen, conserve finalement son poste.
Cette fois-ci, le Dr Véran a probablement bénéficié de l'appui de son prédécesseur, qui a salué à plusieurs reprises sa vaste connaissance des sujets de santé. Ancien socialiste, le jeune médecin est propulsé à l’Assemblée en mai 2012 lorsque la députée Geneviève Fioraso, dont il est le suppléant, est nommée au gouvernement. Cinq ans plus tôt, il était encore interne et porte-parole de l'ISNIH lors de la grève nationale des internes de l'automne 2007 contre la remise en cause de la liberté d'installation.
Cheville ouvrière du budget de la Sécu
Cheville ouvrière de plusieurs lois de financement de la Sécurité sociale et rapporteur influent de la commission des Affaires sociales, il a défendu plusieurs sujets de santé publique dans l'Hémicycle (cannabis thérapeutique, taxe soda, Nutri-Score, délit d'incitation à la maigreur excessive, autorisation du don du sang aux homosexuels, ouverture de salles d’injection supervisée), mais aussi des mesures techniques propres au fonctionnement de l'hôpital public et du système de santé (création des hôtels hospitaliers, suppression du numerus clausus). En 2015, il a planché à la demande de la ministre de la Santé Marisol Touraine sur la réforme du financement des hôpitaux pour corriger les effets pervers de la tarification à l'activité (T2A). Son rapport sur l'intérim médical à l'hôpital public écrit en 2013 est toujours cité comme une référence.
S'il s'inscrit dans la continuité d'Agnès Buzyn, dont il est proche, le praticien hospitalier, père de deux enfants et féru de musique, est parfois taclé pour son manque de constance politique (en particulier après son passage du PS à LREM) et sa vision hospitalocentrée des choses. Fin 2019, son dispositif expérimental de réorientation de certains patients des urgences vers la ville pour désengorger l'hôpital a irrité plus d'un médecin libéral.
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