C'est un cri d'alarme lancé par la psychiatrie hospitalière dénonçant le décalage entre d'un côté les besoins exponentiels en santé mentale – 5,3 millions de personnes consomment des psychotropes, 1,9 million souffrent d'une maladie psychiatrique et les projections annoncent une croissance de 11 % des patients concernés d'ici à 2020 – et, de l'autre, les restrictions de moyens et contraintes imposées à la spécialité.
Le première priorité est budgétaire avec les arbitrages attendus sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2018) dans le cadre d'un objectif national de dépenses maladie (ONDAM) maintenu à 2,3 % sur 5 ans. Quel sera précisément le sort de l'hôpital public et de la psychiatrie ? Depuis plusieurs années, se désole le SPH, « c’est une diminution constante qui est appliquée aux attributions régionales des dotations annuelles de financement (DAF), tandis que les péréquations pratiquées par les ARS se font selon des critères assez obscurs pour convaincre les établissements de psychiatrie qu'il s'agit plus de répartir les mesures d'économies ».
Le syndicat observe que des « contestations s’expriment depuis plusieurs semaines » dans des hôpitaux psychiatriques, comme celui du Vinatier à Lyon ou de Pinel à Amiens. Au-delà de « l’épuisement des personnels et du mécontentement », « c’est une alerte sur l’écart entre les demandes adressées à la psychiatrie, croissantes et complexes, et les moyens attribués ».
Le secteur fragilisé
Le constat du SPH est amer : alors que les dépenses de santé mentale galopent, traduisant le défi majeur des maladies psychiatriques (20 milliards d'euros en 2015), « les réorganisations et les restructurations sont toujours préconisées par les tutelles, faute de mieux ».
Toute la sectorisation psychiatrique serait malmenée. Le SPH tacle à cet égard la loi de santé de Marisol Touraine qui « fragilise » l'organisation de la spécialité sur le terrain. « Le secteur psychiatrique vient de perdre sa qualité de territoire, hospitalière mais aussi ambulatoire, face à la logique de regroupements d’hôpitaux pensés pour la médecine et la chirurgie dans les GHT », accuse-t-il. Les projets médicaux d’établissement des GHT ? Ils « abandonnent la continuité des soins pour privilégier les mutualisations de gestion », juge encore le SPH.
Outre cette réorganisation territoriale largement subie, « la psychiatrie a dû s’adapter sans délai aux deux réformes successives touchant les soins sans consentement ». Et l'instruction ministérielle associée aux recommandations de la HAS sur la contrainte en hôpital psychiatrique « n’a été assortie d’aucune mesure d’accompagnement » (effectifs soignants, mesures d’encadrement face à la violence, travaux d'aménagement et de modernisation de locaux…). Certaines injonctions contradictoires compliquent l'exercice. « La société continue de suspecter la psychiatrie d’internements abusifs, tout en lui reprochant des délais trop longs pour les consultations ou de ne pas jouer de rôle dans sa sécurité (...) », résume le SPH.
Dans ce contexte lourd, le syndicat appelle de ses vœux « une répartition territoriale équitable » des dotations de la psychiatrie dans le cadre de budgets valorisés et mieux identifiés. Il met en garde contre le risque de développer un climat toujours plus suspicieux « qui alimente la crise des vocations en pédopsychiatrie et en psychiatrie générale ».
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