Financement, pénurie (para)médicale, formation

Le NHS, grand enjeu des élections législatives au Royaume-Uni

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Publié le 12/12/2019
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Organisées pour régler la question du Brexit, les législatives anticipées se tiennent outre-Manche ce jeudi. Le National health service (NHS), système de santé publique, est devenu un argument de campagne majeur entre conservateurs et travaillistes.
Près de 35 000 médecins généralistes travaillent au NHS. Plusieurs milliers manquent à l'appel.

Près de 35 000 médecins généralistes travaillent au NHS. Plusieurs milliers manquent à l'appel.
Crédit photo : AFP

L'avenir du National health service (NHS), le service de santé publique britannique, va-t-il se jouer ce jeudi 12 décembre ? L'institution, créée en 1948 et employeur d'1,4 million de personnes, est au cœur des débats des élections législatives anticipées organisées ce jour, qui doivent permettre de renouveler la Chambre des communes et de former un nouveau gouvernement pour « mettre fin à l'impasse » sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit).

Le futur du NHS est un argument de campagne entre conservateurs et travaillistes, rivaux historiques. Du côté des conservateurs, on est prêt à renflouer les caisses du NHS en déficit : 34 milliards de livres (40,4 milliards d'euros) en plus d'ici à 2024, dont 6,2 milliards de livres dès 2020, la construction de 40 nouveaux hôpitaux et la rénovation de 20 autres, lit-on dans le programme de Boris Johnson. Pour contrer la pénurie médicale, Boris Johnson assure l'ouverture de cinq nouvelles écoles de médecine, le recrutement de 50 000 infirmières, 6 000 médecins généralistes (34 114 généralistes ETP travaillent au NHS) et 6 000 professionnels de santé de premier recours (physiothérapeutes, pharmaciens). À la clé, « 50 millions de rendez-vous en médecine générale en plus par an » et des délais d'attente réduits, promettent les Tories.

Les travaillistes jouent aussi sur les chiffres. Après une décennie à droite, il y a « 100 000 postes vacants au NHS England, dont 43 000 d'infirmières, et 15 000 lits d'hôpital en moins », estime le chef du parti, Jeremy Corbyn. Il promet d'augmenter la dépense de santé de 4,3 % par an s'il l'emporte. Le Labour veut aussi augmenter les lieux de pratique en médecine générale, pour débloquer 27 millions de rendez-vous en plus par an ; injecter 2 milliards d'euros par an dans les soins de santé mentale ; créer un laboratoire de médicaments génériques pour contrer les prix trop élevés ou encore mettre en place des formations pour les infirmières ou les sages-femmes.

Le plateau d'argent de Trump

Mais au-delà des promesses électorales, la campagne a récemment pris un tour plus acerbe. Les travaillistes accusent le parti conservateur, si celui-ci est reconduit, de vouloir « vendre » le NHS aux États-Unis, via un accord commercial post-Brexit. Selon Jeremy Corbyn, documents à l'appui, cela faciliterait l'accès des grands groupes pharmaceutiques américains au système de santé britannique et aux négociations des prix des médicaments. Des propos réfutés par les principaux intéressés. Boris Johnson a nié toute volonté de vouloir céder le NHS, tandis que Donald Trump a assuré que les États-Unis n'en voudraient pas, « même servi sur un plateau d'argent ».

Ces accusations changeront-elles le vote des Britanniques, qui considèrent l'avenir de leur système de santé comme un enjeu majeur, devant la criminalité, la pauvreté ou encore l'environnement ? Pour l'instant, le Parti conservateur est toujours donné gagnant, avec 43 % des voix. Si les Tories gagnent, le Brexit devrait devenir réalité le 31 janvier 2020.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin