C’est un véritable pavé dans la mare qu’a jeté en septembre dernier la publication d’un rapport de la Cour des comptes sur la prise en charge de l’Insuffisance rénale chronique (IRC) en France. Un rapport sévère qui a suscité de vives réactions de la part des néphrologues libéraux. « Nous ne voulons pas entrer dans cette polémique, ni critiquer à notre tour les néphrologues car nous avons besoin d’eux. Dans ce rapport, il y a des points avec lesquels nous sommes d’accord et d’autres un peu moins », souligne Roger Charlier, le président de la Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux (FNAIR).
Dans ce rapport, la Cour estime à 3 millions le nombre de personnes affectées en France par un problème de filtration au niveau des reins. Environ 73 500 sont atteintes d’IRC terminale, dont 41 000 en dialyse et 32 500 transplantées. Le coût de leur prise en charge s’élevait en 2013 à environ 3,8 milliards d’euros, dont 3,1 milliards pour la dialyse et 700 millions pour la greffe, intégralement financé par l’Assurance-maladie.
Le coût annuel d’un patient, en moyenne de 44 880 euros, varie considérablement selon les modes de prise en charge : 14 700 € pour un porteur de greffon contre 65 091 € pour une personne dialysée. Autre constat : les dépenses hospitalières représentent l’essentiel des coûts (68 % du total) devant les transports (18 %) et les médicaments (9 %) dont l’érythropoïétine (EPO) qui permet de lutter contre l’anémie dont souffrent la plupart des patients.
Une sensibilisation insuffisante du grand public
La Cour dénonce aussi des insuffisances dans la détection et la prévention de la maladie rénale. « C’est un constat que nous partageons pleinement. La prévention est aujourd’hui largement défaillante en France. Il y a une sensibilisation insuffisante du grand public qui ignore la nécessité de bien prendre soin de ses reins. Tous les médecins ne sont pas non plus assez mobilisés. Je ne parle pas des néphrologues mais de tous ceux qui agissent en amont : les généralistes, les cardiologues et les diabétologues », estime Roger Charlier.
« Aujourd’hui, un tiers des patients qui arrivent en dialyse sont dans une situation d’urgence sans que rien n’ait été fait pour leur éviter cette situation. Alors qu’une bonne prévention permet de retarder de dix ans l’accès à la suppléance. Dix ans, c’est absolument énorme financièrement pour la Sécurité sociale. Mais pour nous, dix ans, c’est aussi et surtout crucial pour la qualité de vie des patients », ajoute le président de la FNAIR.
Dans un chapitre, qui a suscité de nombreuses réactions, la Cour évoque la « rentabilité exceptionnelle » des structures « lucratives », tout en dénonçant une « déconnexion des tarifs par rapport aux coûts ». Face à ce constat, Roger Charlier ne souhaite pas alimenter la polémique. « Ce n’est pas à nous de porter un jugement sur le niveau de revenus des néphrologues libéraux. Pour 3 millions de personnes ayant un problème de filtration rénale et 80 000 personnes en insuffisance rénale, il y a 1 300 néphrologues en France. Je comprends la volonté de la Cour des comptes de préconiser des économies. Mais en même temps, ce n’est en baissant les tarifs qu’on permettra aux centres de se doter d’un nombre plus important de diététiciens, d’assistantes sociales ou de psychologues dont les patients ont pourtant besoin », indique le président de la FNAIR.
Pas d'économies sur le dos des patients
La Cour dénonce aussi la lourdeur des frais de transport des patients en IRCT.
Tous régimes d’Assurance-maladie confondus, les dépenses de transport prises en charge à ce titre s’élevaient en 2013 à 676 millions d’euros. « La plupart des patients effectuent plus de 300 déplacements par an pour un coût annuel supérieur à 12 000 €. Ceux relevant de la catégorie « marche autonome » utilisent de manière exclusive ou presque (à plus de 90 %) le service des taxis et des ambulances », indique la Cour.
« C’est un sujet important. Là encore, il ne faudrait pas faire des économies sur le dos des patients. Une dialyse dure quatre heures, trois fois par semaine. Et en dehors des grandes agglomérations, un patient fait en moyenne entre 30 et 50 kilomètres pour venir dans son centre de dialyse. J’imagine mal un système de « ramassage » des patients qui obligerait chacun d’entre eux à attendre tous les autres avant de pouvoir rentrer chez lui », indique Roger Charlier.
D’après un entretien avec Roger Charlier, président de la Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (FNAIR)
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