Le quotidien des lecteurs

Publié le 29/06/2010
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Le Petit Bornand (74)

DrThierry Devaux,

Réponse à Roselyne Bachelot

Si je reçois bien souvent un courrier « de ministre », je suis plus rarement le destinataire du courrier d’une Ministre.

Votre missive a failli passer inaperçue, enfouie dans la pile quotidienne des avis, recommandations, recours ou contestations de la CPAM, quelques désobligeantes remarques du banquier sur mon découvert, de redondants envois de la HAS, de l’INPES où votre fils fût récemment promu, et quelques lettres de spécialistes (des vrais) concernant mes patients.

J’y lis donc que dès le premier janvier 2011, je pourrai coter mes consultations « CS », et que même si, par humilité, je cotais « C », je serais honoré de 23 euros. Mesures fortes, dites-vous ? Il me souvient que cette augmentation nous était promise en 2008. Vous m’expliquez qu’un décalage de 6 mois est nécessaire pour que la mesure entre en vigueur… elle aura mis 3 ans. Mesure « pschitt », plutôt…

Je jubile et frissonne d’aise en lisant le passage sur la confiance que l’on nous accorde, la reconnaissance de l’importance de notre rôle dans la société : « soigner, soulager et accompagner ». C’est judicieux de votre part de me le rappeler, j’en doutais, en effet, depuis quelques temps :

-mis à l’écart d’une campagne de vaccination confiée à des chômeurs, étudiants, employés, retraités, militaires…

-envahi, débordé par des tâches et tracasseries administratives, papier ou informatique…

-harcelé, agacé par l’attitude arrogante et certainement bien peu productive des caisses, contrôle médical, DAM…

-découragé, désabusé par diverses mesures qui autoriseraient les pharmaciens à prescrire, les infirmières à exercer la médecine…

-excédé par l’obligation qui m’est faite, que je ne respecterai pas, de déclarer mes (rares) vacances : l’organisation de mon temps est tout ce qui me reste de libéral…

-inhibé par le fameux « principe de précaution », bien français, menace pernicieuse et permanente, en inadéquation avec un exercice rationnel et serein…

-suspecté, lorsque l’on m’offrait un stylo ou des post-it, d’une corruption bien plus grave qu’un parachute doré ou qu’une rémunération généreuse et peu justifiée, de pratique courante dans certains milieux…

-montré du doigt comme coupable et responsable de « la situation des finances sociales extrêmement tendues »…

-requis sur simple claquement de doigt d’un préfet…

Affirmer que la question de mon développement professionnel continu est au premier rang de mes préoccupations, dans ce contexte, est une fantaisiste utopie ....

Je me gausse… et m’interroge : comment ai-je pu exercer trente années durant, privé de ce machin ?

Je vais vous faire un aveu : mon développement professionnel continu, en rêve, c’est de dévisser ma plaque, et de devenir… dameur au Grand Bornand ! Juste un rêve, mais qui me réconforte.

Non, vraiment, Madame la Ministre, vous n’avez rien compris au « vécu » des médecins généralistes : n’entendez-vous pas, dans les campagnes, gémir la piétaille ?

J’ai bien conscience que le moment est malvenu de vous importuner avec mes états d’âme : vous êtes aussi la Ministre de tutelle de ces pauvres joueurs de l’Equipe de France dont la situation est autrement plus préoccupante que la mienne.

Je suis sûr qu’ils vous seront très reconnaissants d’être venue les réconforter dans leur modeste pension de famille alors que leur séjour y est injustement abrégé.

Quillan (11)

Dr Christophe Pternitis

Des retards, pas seulement pour les IRM

Vous dénoncez, à juste titre, notre sous équipement IRM ; mais que dire des autres carences de notre système de santé tant envié. Avez-vous essayé de prendre un rendez-vous en "Ophtalmo", "Cardio", "Neuro" (logie) dans l’Aude ?

Pour une paire de lunettes, avec un peu de chance, vous attendrez entre quatre et six semaines ; pour une cataracte, l’attente sera environ de six mois ; pour un examen cardiologique : trois semaines minimum, plusieurs mois dans certains cas (épreuve d’effort, Holter), même en milieu hospitalier ; pour un contrôle neurologique : fin août, chez le spécialiste le moins "occupé"…

Que faire ? Les mieux pourvus (évitons "les plus nantis") partent à Montpellier ou à Toulouse. Les autres attendent, parfois jusqu’à ce que mort s’en suive...pour dramatiser, sans trop exagérer

Le Vésinet (78)

Dr Bernard Kron

Mauvais augure

L’échec retentissant d’une équipe de Foot viellissante et peu motivée car "surpayée" devrait alerter notre ministre des sports sur l’échec annoncé de sa "pseudo réforme": la Santé n’est pas une administration.

Les deux tiers des libéraux se détournent d’une majorité qui profite de ses privilèges et qui n’écoute pas les hommes de terrain de la société civile. Les "Ors de la République" sont un mauvais exemple pour des médecins harrassés par une administration tatillonne.

Nombre d’élections ont été perdues quand les médecins se sont détournés de la majorité. Ils n’ont pas oublié la charge sur le pont Alexandre III ni les ordonnances Juppé de 1996, ni les lois de 2002,ni le non respect des accords de 2004, ni l’absence de solutions sur l’assurance RCP pour les chirurgiens et les obstétriciens.... Un ras le bol qui laisse mal augurer pour l’avenir des prochaines élections.

Attention, demain il sera trop tard pour inverser ce courant.

Clamart (92)

Dr Jean Paul Hamon *

Je suis en colère...

Le 30 juin et le 1er juillet, les syndicats de médecins sont invités à donner leur avis sur la simplification administrative et les nouveaux métiers en santé .

La simplification administrative : vaste programme pour un médecin généraliste noyé sous la paperasse qui pense avec nostalgie à la moitié de cette belle forêt française rasée régulièrement pour remplir

les papiers de dame sécurité sociale qui depuis plus de trente ans ne manque pas d’imagination pour complexifier la tâche du pauvre pivot du système.

Chaque réunion, dite de simplification administrative, n’a servi qu’à rajouter une couche "d’administratif" supplémentaire ou un triplicata au formulaire voire un quadriplicata .On n’est pas encore pas au

quintaplicata, les simplificateurs n’ayant pas encore conçu le stylo style marteau piqueur pour atteindre le cinquième feuillet .

Curieusement les simplificateurs ne sont pas cantonnés sur le papier et sévissent aussi dans le domaine informatique qui leur permet d’atteindre les sommets d’incompétence.

Machines plantées , télétransmission rendue impossible , impossible aussi la désinstallation de l’engin simplificateur . Seuls les utilisateurs de Mac, chez qui on assure que çà fonctionne, sont protégés grâce à une chose nommée du doux nom de" time machine "qui permet de revenir en arrière et de restaurer l’ordinateur comme il était une heure ou deux avant que l’informaticien envoyé par la Cpam

ne soit passé et constaté que tout avait été planté.

Simplification administrative : le "pivot du système" rêve de revenir à l’ avant 2004, avant le médecin traitant, avant que la machine administrative ne s’emballe, avant le DMP..., avant les DAMS, avant les Capi(s).

la victime de la simplification administrative est encore dans ses rêves que tombe sur lui les nouveaux métiers en santé ...

Des cerveaux sclérosés par un séjour trop prolongé dans les couloirs et les sous sols de l’avenue de Ségur ou de l’avenue Duquesne viennent de constater avec effroi qu’il y avait un trop grand écart entre la

durée des études médicales et celle des professions para médicales et qu’il fallait d’urgence le combler .

Certains auraient pû dire que quand on allonge les études çà ne veut pas dire valorisation du salaire et les infirmiers anesthésistes ont su le rappeler à la population de la gare montparnasse en mettant

sous les projecteurs que 2 ans d’études et des responsabilités supplémentaires n’avaient pas atteint le cerveau de l’administratif payeur.

On pourrait citer également l’exemple de l’infirmier de bloc opératoire qui malgré 2 ans d’études supplémentaires n’a pas vu son salaire revalorisé. Ce qui n’a pas entrainé de nouvelles vocations.

Nous n’avons que faire des métiers intermédiaires.

Je suis en colère sans avoir recours toutefois à des propos de vestiaires de joueur de football, ce qui permettrait sans doute d’être reçu par le grand timonier.

Les métiers qui existent permettent de prendre en charge correctement les patients. Favorisons la coopération, rémunérons la concertation, et arrêtons le délire...

* Jean Paul Hamon, s’exprime ici à titre personnel, ce qui est la règle du courrier des lecteurs, mais il est aussi co-président d’Union Généraliste

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Source : Le Quotidien du Médecin: 8800