Depuis des mois, le débat sur la croissance et l’emploi a été escamoté par à peu près tout le monde, le pouvoir, l’opposition, la gauche, la droite, les écologistes, les frondeurs et les dociles, les intellectuels et les journalistes. Un peu comme s’il n’y avait plus personne pour imaginer des solutions à la stagnation économique, même chez les chercheurs. Le gouvernement attend l’inversion de la courbe du chômage et en voit les prémices dans le bon résultat d’octobre. Mais personne n’est dupe. La croissance est trop faible et l’emploi fera, dans les mois qui viennent, quelques rechutes. Du coup, on parle d’autre chose. Un vif débat sur la sécurité oppose le pouvoir à la droite, qui a fait de Christiane Taubira son épouvantail ; l’excellent Bernard Cazeneuve est lui-même critiqué ; Myriam El Khouri ne sait pas qu’un CDD ne peut être renouvelé que deux fois ; Najat Vallaud-Belkacen tente de réformer l’éducation dans un climat de mécontentement général chez les enseignants, les élèves et leurs parents ; on se passionne pour l’affaire Benzéma ; celle d’Omar Haddad ressort ; les mensonges de Volkswagen rendent à l’écologie toute sa vigueur, surtout avec la réunion mondiale de décembre ; François Hollande voyage beaucoup, obtient des résultats politiques (en Chine) et économiques, parcourt la France à grandes enjambées et semble ne plus s’intéresser qu’aux moyens de sa réélection en 2017.
Mais le sujet numéro un, celui qui doit retenir presque toute notre attention, celui qui continuera à miner nos institutions, le tissu social français et l’avenir des jeunes, c’est l’économie. C’est la dette, c’est son financement, c’est l’emploi, c’est l’équilibre budgétaire. Or l’adoption du budget 2016, fondé sur des prévisions contestables que la commission de Bruxelles n’a pas tardé à dénoncer est en bonne voie, avec une sérénité chez nos élus qui semblent ignorer le poids de nos déficits publics. Peu de nos observateurs les plus vigilants mettent l’accent sur le rapport qui existe entre l’obésité de l’État et le chômage. Interrogés par les instituts d’opinion, les Français disent qu’ils veulent bien d’une réforme mais à pas comptés, qui ne bouleverse pas trop les relations sociales. Autrement dit, des réformes, oui, des grèves, non.
Migrations, Europe et euro.
Le blocage historique de la société française conduit à des idées inadaptées à la réalité de la situation. Les partis extrêmes font leur miel d’une mise en cause de l’Europe, d’une condamnation de l’euro, d’une politique migratoire jugée laxiste parce que, forcément, les images multiples du Radeau de la méduse enflamment les esprits. Ni l’Europe, ni l’euro, ni même les migrations sauvages ne constituent le problème. Le problème, c’est la croissance que personne, apparemment, ne sait relancer. Au pays laminé par le chômage, on propose des remèdes plus nocifs que le mal parce que la droite, la gauche et même le Front national n’osent pas dire qu’une réforme du temps de travail quotidien, hebdomadaire et annuel, de la formation, du code du Travail, de la rémunération du travail est indispensable. Personne n’ose dire que, si le licenciement devient plus facile, l’embauche sera plus fréquente, que le Smic ne peut pas être le même dans les grandes villes et dans le monde rural, que notre salut passe par l’abandon de certaines industries dont la mondialisation nous a privés, par un effort soutenu dans les industries à forte valeur ajoutée et dans les nouvelles technologies. Personne ne s’étonne qu’il n’existe ni Apple, ni Microsoft, ni Google, ni Facebook européens et, a fortiori, français.
Pour guérir de notre langueur, diverses révolutions sont proposées qui n’ont rien à voir avec la vie des entreprises, les seules à créer des emplois marchands, pas des postes dans la fonction publique ou des contrats aidés. Des révolutions qui tendent à rejeter tout ce qui n’est pas français alors que le monde est de plus en plus interdépendant. Des révolutions qui feraient de la France un cas à part, un anachronisme, un oiseau rare, toutes choses qui séduisent beaucoup nos intellectuels mais ne correspondent nullement à la thérapie qu’exige l’état du pays. Il est temps de désigner la plaie et de la cicatriser.
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