Malgré le développement de nouvelles modalités de prises en charge, la France peine encore à amorcer les virages ambulatoire et domiciliaire, observe l’Institut Montaigne qui vient de publier un nouveau rapport intitulé « Soins ambulatoires et à domicile : un virage essentiel ». Celui-ci fait six propositions concrètes pour construire de nouveaux parcours de soins « plus efficients, plus fluides et plus équilibrés entre la ville, l’hôpital et le domicile ».
Pour le think tank libéral, notre système de santé est encore trop « hospitalo-centré » et trop « axé sur le curatif ». Pour preuve, la durée moyenne de séjour à l’hôpital (DMS) en France est supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE. D'autre part, nombreux pays européens ont réformé leur système « vers plus de prises en charge à domicile, avec des approches préventives du soin », souligne le rapport.
Des espaces d’exercice coordonné entre professionnels
Pour accélérer le virage ambulatoire, l’Institut Montaigne recommande tout d’abord de construire, à l’échelle locale, des espaces d’exercice coordonné entre professionnels des secteurs médical, paramédical et social. Ce modèle d’organisation qui reposerait sur le principe de responsabilité populationnelle, serait coordonné par les CPTS. Les espaces seraient cartographiés au sein d’un guichet unique pour proposer à chaque population « une réponse adaptée et cohérente à l’ensemble de ses besoins de santé ».
Le think tank considère que ce modèle correspond aux aspirations des professionnels qui plébiscitent de plus en plus l’exercice coordonné. Autre avantage : ceux-ci pourraient mutualiser certaines ressources (locaux, administratif…), et donc libérer du temps médical, analyse le rapport. Pour lever les premiers freins à l’installation, il prône aussi un soutien administratif (aide au dossier de MSP, modules de formation d’aide à l’installation, etc.), voire la mise à disposition d’un local ou l’adaptation du stationnement.
Protocoliser les sorties d’hospitalisation
Pour faciliter la coordination entre les professionnels de santé exerçant à l’hôpital, en ville et à domicile, l’Institut Montaigne invite à protocoliser les sorties d’hospitalisation « selon les pathologies et les parcours de santé associés ». Le développement et la formalisation de protocoles de sorties adaptés en fonction des pathologies seraient confiés à la HAS, en collaboration avec les sociétés savantes des spécialités médicales concernées.
Cette mesure permettrait d’optimiser la prise en charge et de fluidifier l’ensemble du parcours de soins « en limitant les temps d’hospitalisation inutiles et en facilitant la poursuite des soins hors de l’hôpital », plaident les auteurs du rapport. Ils suggèrent également de définir des indicateurs de qualité des soins adaptés aux pathologies suivies en ambulatoire. Objectif : « favoriser le recueil et l’analyse des données en ville et au domicile » (notamment via la télésurveillance), dans une perspective d’évaluation de la qualité et d’amélioration continue de la prise en charge. Ces indicateurs de qualité s’appuieraient sur le retour du patient mais également sur une évaluation par l’équipe médicale.
Formation et financement
Sur le volet formation, l’Institut Montaigne recommande d’inclure « les enjeux de coordination, de travail en équipe et de management » dans la formation initiale et continue des professionnels. De nouveaux thèmes de formation sont envisagés, à l’image des modules de découverte et de compréhension des organisations de santé et des acteurs de la coordination (CPTS, ARS...). Le think tank propose également la mise en place de modules pluriprofessionnels qui seraient « abordés par pathologie et ouverts à différents types de professionnels ». D’autre part, la formation des professionnels pourrait « mettre davantage en avant le modèle ambulatoire », préconise le rapport.
Enfin, il sera nécessaire de développer de nouveaux modèles de financement pour soutenir la coordination des professionnels. Pour l’Institut Montaigne, il faut sortir de la logique « tout T2A » (tarification à l’activité) pour intégrer la dimension de « parcours entre la ville et l’hôpital ». Le rapport préconise des modèles de tarification mixtes « entre la tarification et l’acte et le financement » pour intégrer l’intégralité du parcours de santé et rémunérer au plus juste l’ensemble des acteurs.
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