SUBITEMENT réveillé par une greffe, le cytomégalovirus (CMV), jusqu’alors tapi dans l’ombre, peut surgir à tout moment, tel un troll du folklore scandinave. Pour éviter la maladie à CMV, des chercheurs du Royal Free Hospital de Londres proposent une nouvelle stratégie en alternative au ganciclovir prescrit actuellement lors d’une virémie. D’après leur étude de phase II, l’administration en prégreffe d’un vaccin anti-CMV se révèle très prometteuse. Les taux d’anticorps dirigés contre la glycoprotéine B virale sont augmentés à la fois chez les sujets séronégatifs et séropositifs. Il semble bien que la réponse soit efficace, puisque la durée de virémie en cas de réactivation virale était inversement corrélée à l’augmentation du titre des anticorps. Chez les receveurs séronégatifs avec donneurs séropositifs, la durée de la virémie était significativement diminuée, ainsi que la durée du traitement par ganciclovir. Même si la maladie à CMV survient dans un contexte d’immunodépression cellulaire, il semble bien que l’immunité humorale joue un rôle dans la virémie à CMV.
Liste d’attente de greffe.
L’étude a inclus 140 patients inscrits sur liste de greffe de foie ou de rein, 70 séronégatifs pour le CMV, 70 séropositifs. Après randomisation, 67 patients ont été inclus dans le groupe vaccin et 73 dans le groupe placebo. Le protocole consistait en l’injection de trois doses de vaccin avant transplantation, à l’inclusion, à 1 et 6 mois. Si la greffe était réalisée avant, le programme des injections était interrompu. Le vaccin est composé de glycoprotéine B virale (20 µg) et d’adjuvant MF59 (9,75 µg). Si un patient présentait plus de plus de 3 000 copies du génome viral par ml de sang, un traitement par ganciclovir était mis en place jusqu’à ce que l’ADN viral devienne indétectable sur deux prélèvements consécutifs.
Les résultats britanniques suggèrent que les anticorps sont capables de neutraliser le virus dans l’organe greffé et ainsi de prévenir la transmission au receveur. Il reste à déterminer si les anticorps se lient aux virions libérés de l’organe greffé ou s’ils sont à l’origine d’une cytotoxicité dépendante des anticorps vis-à-vis des cellules infectées. C’est ce que les chercheurs britanniques prévoient de tester dès à présent dans une prochaine étude. La relance de la réponse humorale chez les patients séropositifs est aussi très intéressante à noter. Elle suggère qu’un tel phénomène existe dans d’autres populations, en particulier les femmes enceintes chez lesquelles une contamination par une souche distincte ou une réactivation virale sont susceptibles d’entraîner des malformations fœtales. Avant de tester le vaccin dans cette situation, les efforts de recherche se concentrent chez les transplantés, puisque la toxicité du ganciclovir n’est pas négligeable, que des résistances se développent et que le CMV reste un facteur de risque d’infections opportunistes et de rejet du greffon.
Lancet 2011;377:1256-63
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