Le 10 novembre 2016, un patient de 39 ans est admis dans le service de neurologie du CHU de Montpellier, à la suite de l'apparition d'une paralysie faciale et d'un ptosis.
Plus d'un an après, les chercheurs des universités de Montpellier et de Nîmes démontrent dans un article publié dans « Emerging Infectious Disease », qu'il s'agit du premier patient français officiellement infecté par l'arbovirus Usutu.
Cette découverte est le fruit d'une recherche rétrospective menée par les chercheurs dirigés par Yannick Simonin (unité Inserm 1058 Pathogenèse et contrôle des infections chroniques) sur 666 prélèvements de liquide céphalorachidiens, réalisés entre mai et novembre 2016 dans les CHU de Montpellier et de Nîmes. Cette période coïncide avec une importante épizootie d'infections par le virus en France, en Belgique et en Italie.
« Une équipe du CIRAD de Montpellier avait procédé à une chasse aux vecteurs, explique au "Quotidien" Yannick Simonin. Leur étude méta génétique avait montré que 7 % des Culex pipiens capturés en Camargue sont porteurs du virus. Pour la première fois, on montrait une forte présence du virus dans des zones densément peuplées. C''est d'ailleurs une spécificité de l'Utusu : c'est le seul arbovirus transmissible à l'homme qui circule activement en France. » Ces données incitent les chercheurs à penser que de nombreux cas, symptomatiques ou non, sont passés sous le radar.
Un tableau clinique atypique
Au cours de leurs recherches, un seul prélèvement s'est révélé positif pour la présence d'ARN d'une souche du virus Usutu, par ailleurs proche de celles qui circulaient alors dans le sud de l'Europe. Les cas décrits auparavant en Croatie et en Italie avaient des symptômes proches à ceux des encéphalites et des méningo-encéphalites. La présentation clinique du cas français est donc relativement atypique. Les paralysies faciales doivent-elles rejoindre le tableau clinique des infections par Usutu ? « Il est trop tôt pour le dire, estime Yannick Simonin. Mais on peut faire le rapprochement avec le virus Zika : il a d'abord été décris comme causant un rash, ce n'est que plus tard qu'on a découvert qu'il causait un syndrome de Guillain-Barré. »
Découvert en Afrique du Sud en 1959, Usutu se transmet via le moustique commun Culex pipiens (les Aedes sont porteurs, mais on ignore s'ils peuvent le transmettre). La majorité des infections chez l'homme sont asymptomatiques, mais le virus « est fortement neurotrope quand il déclenche des formes aiguës, précise Yannick Simonin, plus que la dengue, le chikungunya ou le zika. En cela il se rapproche du West Nile ou du virus de l'encéphalite japonaise. »
Depuis 2001, et une première infection démontrée en Autriche, seuls 26 cas d'infections humaines aiguës ont été reportés en Europe, ainsi que 70 cas asymptomatiques de personne ayant produit des anticorps suite à un contact avec le virus. « L'aire de répartition du virus s'étend, prévient Yannick Simonin, la surveillance devrait être renforcée. Notre papier n'est pas le premier à soulever ce point. » Il n'existe pas de dispositif centralisé de suivi du virus Usutu, bien que l'ANSES procède à un suivi aviaire, principalement en cas de forte mortalité dans les populations d'oiseaux.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships