LE 13ØOCTOBRE dernier, Roselyne Bachelot réunissait les experts du comité de suivi du plan antibiotiques, présidé par le Pr Benoît Schlemmer. Une rencontre qui faisait suite aux informations récentes sur la résistance de plus en plus grande de certains germes aux antibiotiques, notamment en Inde. Alors que les deux premiers plans antibiotiques ont enregistré quelques succès, encore insuffisants, la ministre de la Santé a demandé aux experts de lui proposer, sans attendre la publication du IIIe plan prévue pour le premier trimestre de 2011, des mesures pouvant être appliquées immédiatement. Le président du comité de suivi a donc décidé d’« accélérer les choses pour que le IIIe plan soit prêt à la fin de 2010 ». Au « Quotidien », Benoît Schlemmer précise que les préconisations de ce nouveau plan se déclineront selon les axes suivants : la formation initiale, la formation continue, le secteur ambulatoire, les établissements de santé, l’aide au diagnostic, la recherche en santé publique et le recueil des données.
• Formation initiale. Le plan prévoit d’inclure au cours du troisième cycle des études médicales une formation obligatoire et spécifique aux résistances et à l’usage particulier des antibiotiques. « Tout le monde prescrit des antibiotiques, indique Benoît Schlemmer, il faut que les médecins soient informés des conséquences de leurs prescriptions. »
• Formation continue. Les textes d’application du DPC (développement professionnel continu) prévoient que les pouvoirs publics peuvent définir des thèmes prioritaires, en fonction des nécessités de leur politique de santé publique, rappelle Benoît Schlemmer. Le plan prévoit donc d’inclure au DPC un volet détaillé sur la question des résistances et de l’usage des antibiotiques.
• Secteur ambulatoire. Beaucoup d’antibiotiques sont prescrits à de jeunes enfants. Le plan proposera donc d’encourager les pédiatres à constituer des structures de conseil sur les pathologies infectieuses chez
l’enfant.
• Établissements de santé. Le IIIe plan va renforcer la réglementation sur la préconisation des antibiotiques. Par exemple le renforcement de la mission des CCLIN (Centres de coordination de la lutte contre les infections associées aux soins), installés régionalement. Mais le plan proposera aussi d’entamer une réflexion sur le statut particulier des antibiotiques, et des éventuelles adaptations juridiques permettant une prise de conscience. Benoît Schlemmer prend ainsi l’exemple d’une circulaire de mai 2002 à destination des établissements de santé, qui donne les grandes lignes de la politique de maîtrise des antibiotiques. « Cette circulaire n’est pas très contraignante, indique-t-il. Nous demanderons donc au ministère de la transformer en décret, afin de lui donner plus de force. »
• Aide au diagnostic. Un constat s’impose, selon Benoît Schlemmer, pour qui la France est en en retard sur le développement des tests de diagnostic rapide. Situation liée au fait que ces tests ne sont que peu diffusés et pas remboursés. Par exemple, le test de diagnostic rapide de l’angine est diffusé à 3 millions d’exemplaires par an en France, alors qu’il y a environ 10 millions d’angines. Il y a donc là matière à progrès. De plus, développer l’usage du test de diagnostic de la grippe (qui existe déjà) pourrait constituer un volet important de la lutte, compte tenu de l’incidence de cette pathologie. Si le médecin pouvait être certain qu’il a en face de lui une infection virale, il serait mieux armé pour ne pas prescrire d’antibiotiques. Enfin, il existe aussi des tests génétiques capables de détecter si une bactérie est porteuse d’un mécanisme de résistance aux antibiotiques. Leur utilisation permettrait, dans les établissements de santé, de limiter l’usage des antibiotiques de réserve aux patients porteurs d’une bactérie réellement résistante. Actuellement, selon Benoît Schlemmer, ces antibiotiques de réserve sont prescrits larga manu, ce qui contribue à diminuer leur efficacité. Mais derrière tout ça, constate le président du comité de suivi, il y a une problématique industrielle. En effet, les fabricants ne se lanceront dans la production à grande échelle de ces tests que s’il y a un marché. Les pouvoirs publics doivent donc en encourager l’éclosion.
• Recueil des données. En France, le recueil des données de résistance aux antibiotiques dans les établissements de santé se heurte au problème des logiciels existants qui ne permettent pas l’agrégation des données. Le plan préconisera donc d’inciter les industriels du secteur à normaliser l’ensemble de ces logiciels, afin qu’ils puissent dialoguer entre eux.
• Recherche en santé publique.« La France doit absolument adhérer à un récent programme européen de recherche sur la résistance des bactéries aux antibiotiques, initié par la Suède et l’Italie », conseille Benoît Schlemmer. D’autant que, selon lui, les succès que nous avons enregistrés lors des deux premiers plans sont soulignés par les pays étrangers. Pour Benoît Schlemmer, « il y a des raisons de penser que l’avenir est préoccupant. Ne rien faire serait le pire ».
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