Loi autonomie et déclinaison du plan hôpital

Les grands travaux de Buzyn pour 2020

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Publié le 30/01/2020
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À l'occasion de ses vœux à la presse, Agnès Buzyn a tracé ses orientations pour 2020. Après la réorganisation de la médecine de ville, priorité au grand âge et à la sortie de crise à l'hôpital.

Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Agnès Buzyn attaque 2020 avec détermination et… du pain sur la planche.

C'est le message passé à la centaine de journalistes venus écouter ses vœux à la presse mardi dernier. La ministre de la Santé a assuré « regarder sans fléchir les défis immenses qui ne nous attendent plus puisqu’ils sont déjà là, juste devant nous ».

Premier d'entre eux, celui du vieillissement. Agnès Buzyn l'a assuré : 2020 verra naître le projet de loi grand âge et l'autonomie. Promis dès 2018, initialement prévu pour la fin 2019, le texte sera finalement « présenté à l’été, après une phase de concertation avec le secteur et les collectivités territoriales ».

L'entrée en établissement, l'exception

Ce projet de loi mettra l'accent sur le maintien à domicile car la majorité des personnes âgées veulent « rester chez elles » le plus longtemps possible. Plusieurs objectifs sont fixés : la coordination accompagnement/soin avec une « limitation du nombre d'intervenants et une vraie garantie de service » pour les personnes âgées et les aidants « qui n'en peuvent plus du parcours du combattant ». Suivant les recommandations du rapport El Khomri, Ségur travaille aussi à la transformation et la valorisation des métiers liés au grand âge.

« L'entrée en établissement doit devenir l'exception », a martelé Agnès Buzyn. Les EHPAD devront se recentrer sur « la prise en charge des besoins de santé les plus lourds ». Le ministère prévoit à cet effet la « fusion des financements soins et dépendance », l'augmentation du taux d'encadrement en personnel des EHPAD et des investissements « massifs » dans la rénovation et la construction. Il s'agira aussi de baisser le poids du reste à charge « pour les plus modestes ».

Agnès Buzyn est cependant restée évasive sur le financement qui sera « proposé en même temps que le projet de loi ». « En tout cas, nous ne lions le financement de la dépendance au fait de travailler plus longtemps », a-t-elle précisé.

Opération vérité

Autre chantier attendu par l'hôpital et la ville : le service d'accès aux soins (SAS). Cette superplateforme de régulation promise pour répondre au malaise des urgences verra bien le jour « en juin ». Reste à savoir quel numéro sera retenu. Les arbitrages devraient intervenir « dans les semaines à venir », a indiqué la ministre qui mesure à quel point ce sujet est délicat. Alors que SAMU-Urgences de France (SUDF) est favorable à la proposition du rapport Carli/Mesnier visant à instaurer le 113 comme numéro unique de santé, les syndicats de libéraux y sont farouchement opposés et restent attachés au 116 117, numéro libéral de régulation des soins non programmés. 

En 2020, Agnès Buzyn doit résoudre la crise qui secoue l'hôpital depuis un an. Alors que chaque jour fournit son lot de contrariétés (praticiens hospitaliers démissionnaires de leurs fonctions administratives, grève du codage), la locataire de Ségur défend les mesures prises depuis l'été : prime aux urgences, dégel budgétaire, « opération-vérité sur les lits d'aval » et hausse des tarifs sur les trois prochaines années.

Elle vante surtout la « bouffée d'oxygène » qu'apportera, selon elle, la reprise d'un tiers de la dette des hôpitaux. « Tous n'avaient pas perçu l'ampleur de cette mesure », affirme Agnès Buzyn au sujet des médecins démissionnaires. Elle tacle au passage le collectif inter-hôpitaux (CIH) qu'elle juge « pas représentatif » de l'hétérogénéité des situations dans les établissements sur le territoire.

Médecine de ville : « Je tiens un tableau...» 

L'hématologue insiste enfin sur le travail réalisé en début de quinquennat pour structurer la ville et redonner du temps médical aux praticiens. Un chantier qu'elle surveille de près. « Je tiens un tableau qui regarde combien de maisons de santé et de CPTS [communautés professionnelles et territoriales de santé, NDLR] ont été créées et combien d'assistants médicaux ont été recrutés, tout cela est suivi mois après mois au ministère », souligne-t-elle. On l'aura compris, Agnès Buzyn se veut rassurante. « Nous sommes dans la phase ingrate de la mise en œuvre, phase ingrate parce que jugée parfois trop lente à juste titre, mais nous suivons un cap qui est le bon ».

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin