Le très controversé projet de loi de Myriam El Khomri, qui doit être présenté le 24 mars en conseil des ministres, permet de revoir des accords d'entreprise, de moduler le temps de travail, de plafonner les indemnités prud'homales… mais aussi de réformer en profondeur la médecine du travail. La profession s'alarme des conséquences de cette réforme.
Les syndicats redoutent la disparition de la visite médicale d'embauche et son remplacement par une « visite d'information et de prévention » qui pourrait être effectuée après le recrutement par un infirmier. « On nous annonce la mort de notre métier ! » s'inquiète le Dr Bernard Salengro, président de la CFE-CGC santé au travail, pour qui ce changement est inacceptable. « Un infirmier ne peut pas ouvrir de dossier médical en santé au travail, il n’y aura donc ni dossier, ni organisation du suivi médical », affirme-t-il. Le syndicaliste s'inquiète aussi de l'espacement des visites médicales - aujourd'hui prévue tous les deux ans - qui sera fixé par décret.
Le refus de se transformer en contrôleurs
En l'état, le projet prévoit un suivi renforcé pour les travailleurs dont le poste est à risque pour sa santé, sa sécurité, celles de ses collègues ou de tiers dans son environnement immédiat de travail. Cette disposition, là encore, dérange. « On met à distance médecins et salariés, en nous faisant passer pour des contrôleurs. Nous n'allons plus avoir de vision de l'ensemble des salariés », explique le Dr Salengro. Pour le Dr Mireille Chevalier, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), le rôle du médecin serait complètement bouleversé par cette réforme. « Avec ce futur article, on va devoir faire de la prévention sur les potentiels risques pour les tiers. C'est une aberration ! », proteste-elle.
Enfin, selon ce projet de loi, la contestation de l'inaptitude par le salarié ne se ferait plus avec l'inspection du travail, mais devant les prud'hommes, avec désignation d'un expert. « Ce dernier va prendre le pas sur l'avis du médecin du travail. Or que connaît l'expert à la médecine du travail, à l'entreprise et au salarié ? Cela est absurde », conclut le Dr Chevalier.
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