À l'heure où le gouvernement promet de redessiner le système de santé en sept semaines, la médecine de ville entend participer pleinement à cette recomposition. Pas question de transformer le Ségur en plan hôpital ! Le secteur libéral attend lui aussi des « actes forts » en commençant par un choc de simplification et une valorisation des initiatives du terrain.
« Grâce à l’implication et à l’imagination des médecins libéraux, de nombreuses initiatives ont été prises sur le terrain avec des réussites remarquables. En bousculant les règles administratives, en s’affranchissant des bureaucraties habituelles, souvent sans être reconnus, les médecins libéraux ont permis de répondre présents aux besoins de la population », plaide la CSMF. « Aujourd’hui, l’enjeu est de réformer notre système de santé pour que plus rien ne soit comme avant », résume la centrale de Jean-Ortiz.
Clarification
La critique ancienne de l'hospitalocentrisme hexagonal revient déjà sur le tapis. « L'hôpital ne devra pas continuer à faire tout et n'importe quoi », avertit déjà le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML).
La Fédération des communautés professionnelles territoriales de santé (FCPTS) a une idée assez précise de la répartition des rôles. Les soins de ville organisés en équipe pluriprofessionnelle, en coordination avec le secteur médicosocial, doivent prendre en charge « les maladies chroniques, le maintien à domicile, la santé publique (prévention, dépistage, éducation à la santé), les avis secondaires de spécialité et les gestes techniques ambulatoires ». L’hôpital devant se concentrer sur « les urgences graves, les soins lourds et complexes, des avis d’experts de second niveau ».
Pour les syndicats, la prise en charge des soins non programmés doit revenir aux médecins de ville grâce à des effecteurs volontaires et à une régulation libérale valorisée. La revendication de généralisation du 116-117 refait surface pour séparer soins non programmés et urgences vitales. D'autant que le gouvernement n'a toujours pas rendu ses arbitrages sur la question sensible du numéro unique de santé, le 113, dans le cadre du service d'accès aux soins (SAS).
Pôles de soins d'urgence mixtes
« Pendant le confinement, on a bien vu que le 15 était débordé, le numéro unique n'est pas adapté, analyse le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Et nous demandons toujours une majoration de 15 euros des actes régulés pour les médecins libéraux qui acceptent de libérer leur planning. »
Pour renforcer la coordination, la Fédération des CPTS préconise une fusion des « maisons médicales de garde et des services d’urgence pour créer des services d’accueil et d’orientation, dans lesquels des infirmières, des médecins et d’autres professionnels de ville exerceraient une partie de leur activité. Cela permettrait la création d’un véritable pôle de soins d’urgence mixtes ville/hôpital ».
Rémunération : l'exemple allemand
Des voix réclament un changement de braquet pour déployer plus rapidement les CPTS, ces pools de libéraux organisés dans chaque territoire. « Le ministère doit réinvestir pour accélérer leur développement. La contractualisation avec l’Assurance-maladie et l’ARS pour de nombreux projets est gelée », déplore le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Cet investissement doit aussi (surtout) concerner l'exercice libéral. « Nous demandons que la visite longue soit élargie dans le cadre du maintien à domicile des personnes âgées et handicapées », indique le généraliste normand.
Pour la CSMF, c’est en « rapprochant le rôle et les rémunérations des médecins libéraux français des autres pays européens », tout particulièrement de l'Allemagne, que notre système de santé « ira mieux ».
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