L'affaire est peu banale : dans l'Hérault, le principal syndicat départemental d'officinaux invite les médecins à davantage de vigilance dans la rédaction de leurs ordonnances. « Marre d'être obligés de refuser des délivrances et de passer vis-à-vis des patients pour des "méchants" car les prescripteurs ne prennent pas toujours leurs responsabilités, ni leurs obligations légales notamment sur le hors AMM ou le générique », peut-on lire dans le communiqué du Syndicat des pharmaciens de l'Hérault (SPH) en forme de coup de gueule.
Dans cet écrit en dix points commençant tous par « Marre », le syndicat dénonce, outre l'attitude tatillonne de l'assurance maladie, la mauvaise rédaction – volontaire ou non – de certaines ordonnances « qui mettent en danger l'équilibre économique de nos officines ». Le réseau de pharmaciens se plaint, auprès de l'assurance-maladie, « d'être le seul mis à contribution (financière NDLR) dans des domaines qui relèvent avant tout des prescripteurs ».
Le rôle du gendarme
Concrètement, une officine peut être conduite à rembourser à la Sécu des médicaments prescrits de façon incorrecte. « Le budésonide aérosol, par exemple, n'est plus remboursable chez l'adulte. Il se peut que le médecin ne le sache pas, mais si sur l'ordonnance il n'a pas écrit "hors AMM", l'officine en cas de contrôle devra rembourser l'assurance maladie. Ça vaut 30 euros la boîte, et l'assurance maladie peut effectuer une surveillance sur 3 ans. C'est facile pour elle car 90 % de notre chiffre d'affaires vient du tiers payant », explique Frédéric Abécassis, le président du SPH.
Autre exemple, hospitalier cette fois : « Les ordonnances sont souvent délivrées par un interne. Or, beaucoup l'ignorent, il faut qu'elle soit validée par un praticien hospitalier pour être valable aux yeux de l'assurance-maladie. Si le pharmacien fait la remarque au patient, il passe pour le méchant gendarme. Ce n'est pas notre rôle. Nous aimerions que la CNAM passe plus de temps avec les prescripteurs et nous laisse aussi du temps pour nous occuper davantage des patients », poursuit Frédéric Abécassis.
Interrogé par téléphone, le Dr Marc Egoumenides, président du SML 34, en convient : « C'est un sujet épineux. Il se discute normalement en commission paritaire locale... mais nous n'y siégeons plus, donc on ne peut plus en discuter avec la CPAM pour sensibiliser les médecins ». CQFD.
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