Glissement des tâches, salaires, difficultés de recrutement

Les praticiens de l'AP-HP ont le blues

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Publié le 08/06/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Une enquête* sur les motifs de satisfaction au travail et les difficultés des praticiens de l'Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) confirme que le CHU francilien souffre lui aussi de manque d'attractivité. Présentée le mois dernier en commission médicale d'établissement (CME), l'étude analyse les réponses de 281 praticiens, dont 116 PH et 92 PU-PH. Ils sont pour l'essentiel médecins (171), chirurgiens (32), biologistes (30) et anesthésistes (24). Interrogés sur leur niveau global de satisfaction (sur une échelle allant de 0 pour « pas du tout satisfait » à 5 pour « très satisfait »), les praticiens franciliens affichent avec une note moyenne de 3,07 un niveau d'enthousiasme relatif.

L’intérêt des pathologies traitées, la cohésion des équipes et les possibilités de formation sont les trois motifs de satisfaction les plus fréquemment cités, bien devant l'innovation et le prestige international. Mais à l’inverse, les problèmes logistiques et le glissement des tâches plombent le moral de six médecins sur dix. Le caractère « peu attractif » des salaires pose également problème pour près d'un professionnel sur deux (45 %), ainsi que les difficultés de recrutement et le manque de reconnaissance par l'employeur.

Concernant la suite de leur carrière professionnelle, les médecins non-titulaires ne se bousculent pas au portillon de l'AP-HP. Sur une échelle du désir de titularisation allant de 0 pour « pas du tout envie » à 5 pour « très envie », là encore, le résultat moyen de 3,3 des non titulaires interrogés met à jour les difficultés qu'ont les hôpitaux à consolider leurs équipes médicales. C'est particulièrement criant en anesthésie, où seul 22 % des médecins non-titulaires de l'AP-HP veulent le devenir.

Sept millions d'euros pour l'attractivité

Face aux « insatisfactions exprimées », la CME réclame au directeur général Martin Hirsch des « réponses pratiques ». Le plan attractivité du précédent gouvernement répondra-t-il aux préoccupations des médecins de l'institution ? Des doutes persistent sur son financement, que les hôpitaux doivent puiser dans les économies sur l'intérim médical estimées à moins d'un million d'euros à l'AP-HP. Or, le CHU a chiffré à sept millions d'euros (en année pleine) le coût de l'harmonisation des droits sociaux (congés maladie, maternité), l'homogénéisation de la rémunération du temps de travail additionnel et des astreintes, la création d’une prime d’exercice territorial et d’un second montant de l’indemnité d’engagement de service public exclusif. 

* Enquête en ligne anonyme sur les conditions de travail, la qualité de vie au travail et les projets professionnels du syndicat des médecins des hôpitaux de Paris (SMHP) en février 2017

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du médecin: 9587