LE 2 OCTOBRE, Nicolas Sarkozy annonçait la nomination d'Anne de Danne, déléguée générale de la Fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, à la présidence d'une commission pour la prévention de l'obésité. Dans sa lettre de mission, le président de la République souligne que la France est le premier pays européen à avoir réussi au cours des dix dernières années à stabiliser la prévalence de l’obésité chez l’enfant et à améliorer les conduites nutritionnelles. « Cette amélioration s’accompagne cependant d’une augmentation des inégalités entre les catégories sociales », précise-t-il. Le deuxième PNNS, qui s’achève en 2010, « est actuellement en cours d’évaluation, mais je souhaite que soit entrepris dès maintenant le travail d’analyse et de propositions qui permettra de donner une nouvelle impulsion et une ambition interministérielle renouvelée », y affirme-t-il. En vue de la préparation du troisième PNNS, la Commission devra rendre son rapport le 15 décembre.
Dès l’annonce de cette commission, vingt sociétés médicales d’experts et de spécialistes (médecins, nutritionnistes, pédiatres, cardiologues, spécialistes de santé publique, diététiciens et acteurs de terrain) ont réagi, saluant « avec espoir et intérêt » cette initiative présidentielle. S’ils reconnaissent la légitimité et la pertinence du PNNS, de même que l’effet d’entraînement qu’il a permis d’impulser, ces spécialistes soulignent aussi qu’il « faut maintenir la dynamique, l’amplifier sur certains points et surtout mettre en place certaines mesures qui n’ont pas pu voir le jour ». Seule « une impulsion présidentielle peut, aujourd’hui, lever les freins par des leviers législatifs, économiques et sociaux que les seuls ministères concernés (Santé, Agriculture, Éducation ...) n’ont pu obtenir à ce jour », indiquent-ils.
Les sociétés signataires font partie des 23 qui, en mars 2009, avaient appelé les députés à adopter, lors de l’examen de la loi HPST, un amendement qui visait à réglementer la publicité télévisée pour les produits alimentaires à destination des enfants. La proposition n’avait pas été retenue. La ministre de la Santé s’y était en particulier opposée, arguant d’une charte de bonne conduite contre l’obésité infantile signée par les publicitaires et les professionnels de l’audiovisuel (« le Quotidien » du 12 mars 2009).
17 chantiers prioritaires.
Sept mois plus tard, les experts et spécialistes récidivent. Plusieurs des propositions qu’ils soumettent à l’attention de la Commission visent à réguler la publicité sur les aliments destinés aux enfants. « L’objectif est de réduire les écarts, la fracture nutritionnelle, qui se développent en France entre groupes sociaux », insistent-ils . Pour agir contre ces inégalités sociales et atteindre l’ensemble des objectifs du PNNS , « l’information et l’éducation sont certes nécessaires mais notoirement insuffisants. Il faut également agir sur l’offre alimentaire (notamment en termes d’accessibilité et d’amélioration de la qualité nutritionnelle), ainsi que sur l’activité physique », expliquent-ils.
Ils ont identifié 17 grands chantiers prioritaires, avec des actions notamment en milieu scolaire et en population générale. Ainsi, ils souhaitent que soit renforcée « l’interdiction de mentionner des marques alimentaires à l’école sur les menus, affiches, dépliants, matériel scolaire ou sportif » et que la possibilité de diffuser des outils pédagogiques sur la nutrition (comme compléments de manuels scolaires) soit réglementairement réservée « aux seuls bénéficiaires du logo PNNS ». De même, ils demandent l’interdiction « par voie réglementaire » de la publicité télévisuelle destinée aux enfants, « pour tous les produits alimentaires (à l’exception des aliments dont la promotion est compatible avec les objectifs du PNNS), aux horaires du matin avant l’école, ainsi que les mercredi, samedi et dimanche matin ». Parallèlement, les actions de communication de l’INPES (informations pratiques et appliquées à la vie quotidienne des populations, notamment les plus défavorisées) devraient être renforcées « par une exonération du prix d’achat d’espace pour ses campagnes de promotion de la nutrition sur les chaînes publiques de télévision et de radio, notamment lors des tranches horaires enfants ».
Formation et prise en charge.
Les signataires suggèrent aussi d’introduire une formation en nutrition dans le cursus de base des médecins mais aussi des dentistes, des pharmaciens, des infirmières et des aides-soignantes. En ville, la mise en place de réseaux régionaux devrait être encouragée ; à l’hôpital, la constitution de comités de liaison alimentation nutrition (CLAN) pensés sur le mode des CLIN devrait être obligatoire et un médecin référent nutrition devrait être présent dans chaque établissement. Enfin, la mise à disposition de coupon exclusif de fruits et légumes frais (10 euros par mois devant permettre un apport de l’ordre de 100 à 200 g de fruits et légumes frais par jour) est une des mesures phares proposées pour les plus défavorisés, titulaires de la CMU, aux allocataires des minima sociaux et des étudiants boursiers.
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