Les dépenses remboursées aux radiologues libéraux diminueront de 59 millions d'euros en 2017 (part complémentaire incluse). Cette décision prise par l'assurance-maladie est officielle depuis le 13 février, rabotant les forfaits techniques pour scanner, IRM et TEP.
Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère de la profession. La Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), qui revendique l'adhésion des trois quarts des 5 000 radiologues libéraux, crie au « sabotage ».
Le syndicat doit réunir ses instances régionales ce week-end et lancera un mot d'ordre dont les modalités restent à définir. Le syndicat envisageait dans un premier temps d'appeler à fermer les cabinets pendant une semaine et à lancer une campagne d'information de la population. Mais devant l'ampleur du courroux, certains réclament un mouvement tarifaire (jusqu'ici très rarement employé par les radiologues libéraux, qui exercent à 86 % en secteur I). « La profession est à bout et s'estime stigmatisée », affirme le Dr Jean-Philippe Masson, patron de la FNMR. Ce dernier avait posé un ultimatum au directeur de la CNAM, Nicolas Revel, jusqu'à hier mercredi, pour revenir sur les baisses arbitraires des tarifs.
Le syndicat rappelle que depuis huit ans, la radiologie a déjà subi des décotes de l'ordre de 900 millions d'euros en montant cumulé. Les radiologues hospitaliers (SRH) ont également réagi, se déclarant « scandalisés » par la « politique d'épicier » de la CNAM. Ils redoutent que ces nouvelles baisses posent problème pour financer les équipes et les équipements.
La convention contournée
Autant que le fond, c'est la forme qui exaspère la profession. L'article jugé « scélérat » adopté dans le dernier budget de la Sécu, qui donne toute latitude tarifaire au directeur de la CNAM, est vécu comme un coup de poignard dans le dos.
Les centrales polycatégorielles ont réagi à l'unisson pour soutenir les radiologues. La CSMF fulmine contre le « retour de la maîtrise comptable et de la mainmise de l’État sur la convention médicale ». Le SML invite la CNAM à un « rétropédalage ». La FMF annonce qu'elle soutiendra « la pratique de dépassement économique pour la survie de la radiologie de proximité ».
La grogne gagne la profession. L'Union des radiologues de France (URF), association loi 1901, a recueilli en quelques jours un millier de signatures à la pétition qu'elle a lancée. Ces praticiens de terrain exhortent les syndicats transversaux à dénoncer la convention si l'UNCAM maintient ses baisses. « S'ils retirent leur signature, à quelques semaines de la présidentielle, tout sera renégociable », espère le président de l'URF, le Dr Henri Guérini.
Déjà la Cour des comptes...
L'année dernière, la profession avait protesté contre le plan d'économies pluriannuel de 180 millions d'euros sur trois ans. Déjà les syndicats s'alarmaient du déficit de 18 % des centres d'IRM et de 4 % des centres de scanner – des chiffres toujours d'actualité – et des fermetures de cabinets de proximité (une centaine depuis 2009).
En mai 2016, la Cour des comptes avait remis un rapport au Sénat dans lequel elle appelait à la restructuration de la radiologie et notamment à une amélioration de la pertinence des actes. La Cour invitait à une révision des libellés et des tarifs des actes inscrits à la classification commune des actes médicaux (CCAM), avec un effort pouvant atteindre 460 millions d'euros (au regard des gains de productivité).
Selon Nicolas Revel, ces énièmes baisses tarifaires ne sont pas la marque d'un acharnement. « Nous récusons l'idée que cette décision pourrait conduire à des fermetures de cabinet de radiologie », a-t-il affirmé au « Parisien ». Selon le patron de la CNAM, « il s'agit de mesures raisonnables qui tiennent compte de la croissance plus forte que prévu des dépenses liées à ces examens ». Il rappelle que les radiologues figurent toujours parmi les spécialités les plus rémunérées. Le bénéfice non commercial moyen des radiologues (avant impôt) avoisinait les 124 000 euros en 2015, selon la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF). « C'est le salaire d'un cadre supérieur ou d'un directeur de service au ministère ou à la CNAM, s'énerve le Dr Masson. Pourquoi un radiologue, après 12 ans d'études, gagnerait-il moins ? »
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier