La sortie progressive du confinement marque depuis hier un début de retour à la normale pour les 20 millions de salariés français et leurs employeurs.
Alors que les services de santé au travail sont sur le pont depuis le début de la crise sanitaire, le protocole ad hoc publié par le ministère du Travail reste elliptique sur leur rôle, indiquant simplement que l'entreprise doit, avec eux, rédiger une procédure de prise en charge des personnes symptomatiques au Covid-19 pour « les isoler rapidement, les inviter à rentrer chez eux et contacter leur médecin traitant », ou pour émettre un avis médical en l’absence de signe de gravité.
Autre inconnue pour les spécialistes de la santé au travail : la possibilité qui leur était ouverte de prescrire des arrêts de travail et de réaliser des tests de dépistage par ordonnance gouvernementale. Ont suivi une succession de déclarations contradictoires et une longue attente d'un décret d'application, lequel, en fin de semaine dernière, n'avait toujours pas vu le jour. Et c'est tout.
Dans ce contexte, le Syndicat national des professionnels de santé au travail (SNPST) craint qu'un déconfinement « massif au travail sans contraintes » ait des conséquences sur la santé des salariés, et fasse rebondir la pandémie. « Il ne semble pas exister de stratégie globale coordonnée de reprise du travail au niveau national ou régional. Aucun encadrement clair n’a été annoncé pour les entreprises, ni aucun contrôle des situations de travail et de la mise en place de mesures de prévention », pointe le SNPST.
« Rôle crucial »
Ce flou ne doit pourtant pas empêcher les services de santé de prendre les devants sur le terrain et dans le cadre de leurs missions habituelles, estime le Pr Sophie Fantoni-Quinton, médecin du service de pathologies professionnelles au CHRU de Lille et enseignante à l'université de Lille 2. « Notre rôle sera crucial. Nous pouvons être proactifs vis-à-vis des entreprises et des salariés, participer au plan de prévention dans l'entreprise, repérer les salariés vulnérables, ou mettre en place un organigramme commun avec les médecins généralistes… », détaille le Pr Fantoni-Quinton.
Exemple de la façon de prévenir et limiter les risques dans une entreprise : les équipes de santé au travail peuvent rechercher les personnes vulnérables sur le plan médical face au Covid, explique le Dr Gérald Demortière, médecin coordinateur à l'Association médecine du travail de l'Ile-de-France (AMETIF), un repérage dont il s'est chargé pour la reprise d'activité d'une société de 400 salariés dans le Val-d'Oise.
« En équipe avec l'infirmière de santé au travail, nous avons épluché les dossiers des salariés sensibles et repéré ceux avec un IMC élevé, asthmatiques, insuffisants rénaux, avec des bronchites chroniques, de l'hypertension artérielle, explique le Dr Demortière. Nous les avons ensuite contactés puis avons organisé des visites, ce qui est possible quand il y a suspension du contrat de travail. Il n'y avait rien d'imposé. »
Le télétravail leur a été ainsi proposé, et lorsque ce n'était pas possible, l'arrêt de travail. Le médecin du travail a ensuite transmis ses recommandations à l'employeur, sans révéler les pathologies des salariés.
« Le rôle du service de santé au travail prend tout son sens avec cet exemple de travail sur des données populationnelles, estime le Dr Demortière. Nous conseillons les entreprises et aidons les salariés. »
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