Bilan d’étape du plan chlordécone

L’exposition en baisse

Publié le 07/04/2009
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LE PLAN d'action chlordécone 2008-2010 en Martinique et Guadeloupe, annoncé en janvier 2008, prévoit que chaque année soit établi un rapport interministériel d’activité. Le Pr Didier Houssin, chargé de coordonner l’action des différents ministères et opérateurs impliqués dans la mise en œuvre de ce plan, a rendu public cette semaine un premier bilan des actions déjà menées.

Parmi les résultats marquants de l’année 2008, le rapport souligne la baisse des limites maximales de résidus de chlordécone admises pour que les denrées alimentaires d’origine végétale ou animale soient reconnues propres à la consommation humaine. Les différentes valeurs ont été fixées par l’arrêté du 30 juin 2008. Le contrôle et la surveillance des aliments ont également été renforcés. Les contrôles réalisés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les denrées végétales mises sur le marché aux Antilles sont en faveur d’une amélioration de la qualité et de la sécurité des produits (carotte, tomate, concombre, melon, igname, patate douche, dachine). Aucune non-conformité concernant le chlordécone n’a été constatée en Martinique ou en Guadeloupe sur plus de 500 analyses. Concernant les produits de la pêche, les 99 premières analyses réalisées montrent que 18 % des échantillons sont contaminés par la chlordécone. Les nouvelles limites sont dépassées pour les tilapias (poissons d’estuaire), des langoustes et quelques poissons carnassiers (sardes). «  Les zones côtières voisines de régions peu cultivées sont peu ou pas touchées  », indique le rapport.

Consommation limitée.

Pour tenir compte de l’autoconsommation, un programme Jardins familiaux d’action de proximité auprès des populations les plus touchées a été mis en œuvre. «  On peut constater la bonne adhésion des populations locales au programme JAFA  », relève le rapport. Il est recommandé aux familles exploitant un jardin sur un sol contaminé, de limiter leur consommation des produits du jardin à deux fois par semaine. Selon l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), «  le respect de cette recommandation permet de garantir, pour les adultes comme pour les enfants, que la dose journalière admissible en chlordécone ne sera pas dépassée  ». De même, le respect des arrêtés d’interdiction de pêche en rivière doit être respecté et en cas de doute sur l’origine de la pêche, la consommation doit être limitée à un jour sur deux.

Quant au volet du plan relatif à la santé, les résultats de l’étude de cohorte mère-enfant (enquête Ti moun), qui portent sur l’impact de l’exposition au chlordécone sur les issues de grossesse et sur le développement des enfants, et ceux de l’enquête Karuprostate, sur les conséquences des expositions au chlordécone et le cancer de la prostate, devraient être rendus publics au cours du second semestre 2009. «  L’action relative à la communication sera renforcée et, en particulier, la communication locale, pour préparer et accompagner la publication des premiers résultats des études santé  », souligne le rapport.

Maintien de l’allaitement

D’ores et déjà, dans un avis du 15 septembre 2008, émis à la demande du ministère de la santé, l’AFSSA précise que «  les teneurs en chlordécone dans le lait maternel au sein de la population guadeloupéenne montrent que la valeur toxicologique de référence aiguë... n’est pas dépassée et que la probabilité de dépasser la valeur toxicologique de référence chronique est très faible. Cependant, du fait de la présence de chlordécone dans le plasma maternel, il convient de minimiser l’exposition des femmes enceintes.  ». Les mesures prises dans le cadre du plan devraient y contribuer. «  Compte tenu des bénéfices de l’allaitement maternel, celui-ci peut être maintenu pour les nourrissons martiniquais et guadeloupéens  », conclut l’agence. Le comité scientifique international dirigé par le Dr William Dab, mis en place en mars 2008, devrait bientôt rendre ses conclusions sur les recherches et actions de veille et de surveillance à mettre en œuvre.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr