Connu depuis le Moyen âge pour la qualité de ses vignes et de son vin, l’hôpital de Strasbourg est au XVIIIe sciècle loin de vivre dans la saine abstinence des établissements de santé contemporains : le vin est distribué plus que généreusement aux malades payants et pensionnaires qui y vivent comme dans une maison de retraite, et un peu plus chichement aux autres.
En outre, la « débauche » du personnel, et de certains malades, est régulièrement dénoncée par les moralistes. Selon les chroniques de l’époque, le feu aurait pris dans les combles de l’hôpital dès le soir du 4 novembre : une servante montée ramasser des copeaux dans le grenier y aurait rencontré un valet, et la chandelle de la servante serait tombée « pendant leurs ébats coupables sans qu’ils y prêtassent attention ». Le feu couva toute la nuit et ne fut détecté que le lendemain matin. L’hôpital avait reçu ce jour-là 16 foudres de vin, et une bonne partie du personnel qui l’avait réceptionné était ivre.
Pompe à incendie de l’hôpital était hors d’usage
Le receveur de l’hôpital, Johann Martin Schlitzweck, donna l’ordre de fermer la porte de l’hôpital en espérant que le feu pourrait être éteint sans aide extérieure, sans doute aussi pour que personne ne vît dans quel état se trouvait le personnel… La pompe à incendie de l’hôpital était hors d’usage, si bien qu’on essaya d’éteindre le feu avec de la bière, sans succès. Le soir, les flammes étaient visibles de l’extérieur de l’hôpital, mais celui-ci garda sa porte close, malgré les appels des habitants du voisinage, massés devant le portail. Finalement, le 6 novembre à cinq heures, les « flammes jaillirent avec une telle violence qu’il n’était plus possible de rien sauver : à huit heures, le grand bâtiment était entièrement réduit en cendres ». L’incendie causa la mort de quatre personnes, dont le fils d’un conseiller de la ville, souffrant de troubles mentaux et enchaîné dans son lit, ainsi que deux femmes âgées et le boucher de l’hôpital. L’architecte de la ville, François Rodolphe Mollinger, reconstruisit l’établissement sur les ruines de l’ancien, de 1718 à 1721. Offrant, sur trois étages, deux magnifiques façades sous une immense toiture percée de dizaines de lucarnes il est considéré comme l’un des plus beaux bâtiments civils de Strasbourg. Il accueillit des malades jusqu’en 1986, et abrite de nos jours l’ensemble de l’administration des Hôpitaux Universitaires.
La figure du sphynx
Ses ferronneries évoquent la figure du sphynx, sorti comme lui magnifié des flammes. L’obstination du receveur fut unanimement désignée comme étant la cause majeure de la catastrophe. Mais il parvint à sauver sa réputation et, quelques années plus tard, obtint même une promotion au sein de l’administration municipale… son nom figurant d’ailleurs sur le fronton sculpté commémorant la reconstruction de l’hôpital. L’hôpital est loin d’avoir été le seul grand établissement à disparaître pour mieux renaître ensuite : en 1772, l’Hôtel-Dieu de Paris brûla pendant 11 jours avant d’être reconstruit et agrandi, en plusieurs étapes, jusqu’au milieu du XIXeme siècle. Aujourd’hui, l’hôpital de Strasbourg ne distribue plus son vin aux malades, mais de nombreux producteurs de la région « élèvent » leur vin dans ses caves particulièrement bien adaptées à cette fonction. Et, comme tous les hôpitaux, il a renforcé au fil des ans ses programmes de prévention contre le feu, payant par ailleurs autour de 3 millions d’euros par an de primes d’assurance, dont 400 000 euros pour le seul risque incendie…
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