Il s'agit en effet de plus de dix milliards d'euros que le gouvernement est en train de chercher fébrilement dans un budget 2019 déjà écrit et presque adopté. L'extrême gauche dénonce un train de mesures qui épargne les riches et les entreprises, elle n'en sait rien : c'est très probablement dans les 40 milliards accordés l'année prochaine aux entreprises au titre du CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi) et de la baisse des charges que les techniciens de Bercy iront chercher les milliards redistribués aux foyers les plus pauvres. Toute la panoplie des mots décrivant le « mépris » que Macron leur inspirait le jour où, enfin, et conformément à leurs vœux, il présentait ses excuses aux gilets jaunes, a été utilisée par l'extrême gauche et par l'extrême droite.
Personne n'ignore pourtant que l'on ne trouve pas cet argent sous le sabot d'un cheval et que Macron a fait un double effort : paraître enfin plus humble et donner un prix à la colère populaire. La plupart des gilets jaunes ont riposté, comme la France insoumise et le Rassemblement national, par des propositions convergeant vers une déstabilisation rapide des institutions et des rendez-vous électoraux prématurés. Le moment où la compassion pour les foyers aux fins de mois difficiles va se transformer en lassitude d'un peuple dégouté par les actes de violence finira donc par arriver : les Français vont se demander si, au-delà du mouvement, il n'y a pas la volonté de changer de République. Pour une révolution de cette ampleur, nul doute que la destruction lente de l'économie française et les souffrances inutiles qu'elle entraînerait ne sont pas de nature à bouleverser ces trois âmes sœurs unies dans le même ressentiment, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.
L'écho des médias
On ne saurait minimiser leur influence, l'acharnement avec lequel ils ont tout fait et feront tout pour bousculer la République, abattre Macron et reconstruire une sorte d'Etat totalitaire sur les ruines de Ve. Dans la haine tenace que les gilets jaunes et les démolisseurs vouent au président, on retrouve le vocabulaire des trois vautours qui volent au-dessus de la crise : référendum, démission, dissolution, mépris, France périphérique, fracture territoriale, formidables analyses d'experts soudainement relayées par ceux qui se veulent les plus simples et les plus humbles, reconnaissent qu'ils n'y entendent rien, mais répètent à satiété qu'ils souffrent, même quand on leur accorde une prime.
La haine anti-Macron, c'est aussi l'effet amplificateur des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu. Aux erreurs nombreuses de communication qu'il a commises, les médias, de leur côté, ont apporté une acoustique tonitruante dont il aurait dû se méfier. Il y a donc un lien de rompu entre Macron et les gilets, lesquels ne représentent pas en eux-mêmes une force organisée ou menaçante, mais ont réussi jusqu'à présent à obtenir le soutien du peuple malgré les actes odieux commis à Paris et dans d'autres villes. Le président de la République a commencé son discours de lundi en affirmant qu'il sévirait avec toute la force requise contre les casseurs. Il valait mieux, à l'heure du repentir et de la générosité, même s'ils ne sont pas appréciés, qu'il rappelât ainsi son autorité. Quant à la suite des choses, c'est une tout autre affaire.
Manifestement, M. Macron est impopulaire. On dit qu'il n'aime pas la France, en réalité c'est la France qui ne l'aime pas. Il n'a pas renoncé à ses réformes et on est en droit de se demander comment il va lancer celle des retraites ou celle de l'Etat dans ce climat délétère que les extrêmes veulent faire régner. Heureusement, il a commencé à écrire le second épisode de son mandat par une vaste concertation avec les corps constitués. Le temps du passage en force est terminé. Ce qui n'est rien par rapport à la menace pesant sur les institutions.
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