C’est une épidémie de départs chez les ministres de la Santé. Et ce nouveau pic a eu raison, semble-t-il, des plus coriaces. En Autriche, Rudolf Anschober a jeté l’éponge le 7 avril, épuisé : « Ces 15 mois m’ont paru 15 ans », a-t-il commenté. Quelques jours plus tôt, Jan Blatny, son homologue tchèque, se voyait limogé parce qu'« allergique » au vaccin russe Spoutnik V. Troisième titulaire du poste en un an, l'hématologiste ne l'aura occupé que six mois : en octobre, il avait remplacé Roman Prymula, qui avait fait la une d’un tabloïd, sortant sans masque, d’un restaurant praguois qui aurait dû être fermé… Même triste sort pour Marek Krajci en Slovaquie, sacrifié en mars, à l’acmé de cette troisième vague. Et pour Vlad Voiculescu en Roumanie, viré le 14 avril par un Premier ministre qui lui reprochait des incidents à répétition dans les hôpitaux et ses critères de déclenchement du confinement.
Le jeu de massacre continue plus loin de nous. Au Brésil, on souhaite bon courage à Marcelo Queiroga, un cardiologue qui est le quatrième titulaire du poste depuis le début de la pandémie… Et à Camilo Salinas, en Équateur, qui sera le quatrième en deux mois ! L’un de ses prédécesseurs était tombé à cause d'une histoire de « vaccins VIP », passe-droits pour petits copains, qui faisaient désordre dans un pays où les files d’attente ne cessent de s’allonger pour obtenir le précieux sérum. Il aurait dû pourtant méditer deux scandales similaires de « vacuna gate » qui, en février, avaient déjà coûté leur place aux responsables de la santé du Pérou et d'Argentine…
Pas vu, pas pris ? À nos frontières, la situation paraît plus stable. Encore que Jens Spahn en Allemagne et Roberto Speranza en Italie sont fragilisés par des affaires (soupçons de favoritisme sur des commandes de masques pour le premier, pressions sur l’OMS pour le second) qui pourraient les placer sur des sièges éjectables. Décidément, la pandémie ne fait pas de cadeau. Quand on ne sert pas de fusible, on peut être accusé de désertion comme Agnès Buzyn chez nous ou Salvador Illa en Espagne qui, pour avoir préféré l’aventure électorale, ont quitté leur ministère sous les lazzis.
Quelle est donc la recette d’Olivier Véran qui semble jouir d’une insolente stabilité ? Sur les masques, les tests, les vaccins, l’homme a pourtant essuyé les critiques de l’opposition. Et le neurologue, « marcheur » de la première heure, fait parfois les frais de l’impatience du chef de l’État. Ou de ses confrères médecins… Son arrogance agace. Ses volte-face sont parfois moquées. Mais en pleine tourmente, il paraît inoxydable, faisant montre d’une disponibilité de tous les instants, affichant une détermination sans faille, doublée de réelles qualités de pédagogue. Il rassure. Et c’est sans doute la clé de sa cote de popularité, plus forte que celles d'un Macron ou d'un Castex. Dans le contexte actuel, ce soutien de l’opinion est un atout maître. Mais attention : les sondages peuvent aussi se montrer versatiles…
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