Le cabinet de conseil Nexialog a passé au crible onze pays étrangers afin de connaître leurs stratégies pour maîtriser les dépenses croissantes de santé. Au cœur de cette étude, les armes face au vieillissement démographique, aux maladies chroniques et à l’inégalité d’accès aux soins. « Ces trois défis conduisent à une forte augmentation des dépenses de santé qui représentent déjà 6 % du PIB mondial en 2015 et pourraient atteindre 14 % en 2060 », précise Virginie Degroote, directrice associée du cabinet Nexialog.
Les pays sondés misent principalement sur des nouveaux programmes de prévention, la santé connectée et l’éducation du patient. « On assiste à une américanisation du système de santé, un marché où la demande est croissante. Il faut être "cost-effective" », résume Stéphane Billon, économiste en santé.
Face au vieillissement, l’activité prolongée
La proportion de la population de plus de 60 ans atteindra près de 2 milliards d’individus en 2050, selon les projections de Nexialog. Face à ce constat et pour lutter contre la dépendance, de nombreux pays s’efforcent de « garder les seniors actifs dans les entreprises et la société » et adaptent les financements en ce sens, poursuit Virginie Degroote.
En Allemagne, valoriser la compétence des seniors est même un axe stratégique, comme chez BMW qui a adapté certaines chaînes de production (salle de repos, exercices physiques). Cette organisation aurait « augmenté de 7 % la productivité des salariés concernés », indique-t-elle.
Le Japon, où 25 % de la population a plus de 60 ans, a mis en place un système d’assurance parallèle qui vise à prendre en charge les soins de longue durée. Le financement de cette assurance s’effectue via un système de cotisations obligatoires prélevées directement sur salaire (1,5 %) entre 40 et 65 ans.
Maladies chroniques : prévention, santé connectée et sport subventionné
« En Europe les maladies chroniques représentent 75 % des dépenses de santé, soit 700 milliards d’euros. Il y a une véritable mobilisation des États pour lutter contre le tabac, l’alcool et la sédentarisation », précise-t-elle.
Pour limiter la dérive des coûts, nombre de pays ont développé des programmes de prévention, de dépistage et d’accompagnement grâce aux objets connectés. L’assureur américain « Oscar » offre un bracelet connecté (podomètre) à tous ses clients et rémunère (un dollar) ceux qui dépassent 10 000 pas par jour.
Le Japon mise sur la stimulation sportive des patients chroniques. Les adhérents sont exonérés de taxes sur leurs frais d’adhésion si l’activité physique est prescrite par un médecin et encadrée par des « entraîneurs certifiés ».
Au Canada, le dossier médical personnalisé garantit, outre le suivi des patients chroniques, le renouvellement des prescriptions en ligne et le dépistage du diabète annuellement pour les personnes à risque.
En Suède, une législation draconienne a permis d’obtenir des résultats majeurs dans les domaines de la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme.
Accès aux soins : paramédicaux et télémédecine
La délégation de tâches est souvent développée pour répondre à la pénurie de médecins qui concerne de nombreux pays. « Minute Clinic », aux États-Unis, est un centre qui dispense des soins courants et rapides en employant uniquement des infirmiers. La Suède a également élargi les compétences des infirmiers à la prescription et à la réalisation de certains soins. Et pour combattre les files d’attente, des primes récompensent les comtés qui traitent les patients dans des délais raisonnables...
L’Australie, pays-continent, a investi massivement dans la télémédecine afin de couvrir les zones rurales. Les infirmières effectuent une partie du diagnostic en amont depuis 2011 avant recours au médecin pour le traitement. Ce système a permis « 42 % d’économies » sur le traitement des patients atteints de cancer.
L’Estonie est devenue un modèle en matière de e-santé déployée à l’échelle nationale : 98 % de la population de l’Etat balte est couverte par ce système entièrement numérisé (carnet de santé électronique, ordonnances et achats de médicaments en ligne...).
« Ces innovations sont présentes en France de façon balbutiante, regrette Stéphane Billon. On a beaucoup d’idées mais on a dû mal à les véhiculer, comme la télémédecine. On est en retard culturellement. »
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