Le Quotidien. Après un internat en région et un clinicat à Paris, vous avez exercé une année en tant que « Fellow » au Moorfield Eye Hospital à Londres.
Que vous a apporté cette expérience ?
Marc-Antoine Chatel. Une grande ouverture d’esprit. Nous avons souvent l’impression que notre modèle français est parfait. Notre apprentissage nous donne des méthodes que nous considérons comme universelles. J’avais très envie de découvrir comment nos collègues travaillent à l’étranger. J’ai été surpris de constater que nous pouvons faire très différemment avec de tout aussi bons résultats, en chirurgie comme en médecine. Il n’y a donc pas une seule façon de bien faire mais plusieurs. Je conseille vraiment l’expérience étrangère à mes futurs confrères.
Pourquoi avoir choisi d’exercer en libéral ?
Avant tout pour garder une certaine liberté. Aujourd’hui, la majorité des jeunes ophtalmologistes s’installent en ville, avec une activité en général 100 % libérale, du moins en région. Cet exercice libéral, qui a beaucoup évolué, se définit désormais surtout par un exercice de groupe avec un travail aidé, en raison des coûts inhérents au plateau technique et à la surspécialisation qui découle de la complexité des pathologies à gérer.
Est-ce facile de s’installer ?
En fait, nous ne sommes pas du tout formés pour ça. Les études médicales sont faites pour les médecins qui restent à l’hôpital, nous n’avons aucune notion des modalités possibles d’installation, de la gestion d’un cabinet médical. Heureusement, les confrères déjà installés sont d’une aide précieuse. Mais il faut quand même se plonger dans les ressources humaines, la finance, l’informatique et gérer les contraintes d’une très petite entreprise (TPE). Je crois qu’une des difficultés majeures actuellement est la gestion du personnel salarié, nous manquons désespérément de formation.
Les jeunes ophtalmologistes ont-ils des craintes pour leur avenir ?
Il y a une grande incertitude sur l’évolution de la spécialité, notamment du fait des avancées techniques et du développement de la télémédecine. Notre exercice change et nous ne savons pas ce qu’il sera dans les années futures, et ce d’autant que la définition des professions d’opticien et d’orthoptiste et leur champ d’action ne cessent d’évoluer. L’environnement n’est donc pas pérenne ce qui est potentiellement anxiogène. Les lunettes représentaient 30 % de l’activité il y a 10 ans. Qu’en sera-t-il dans le futur ? Retirer cette part de l’activité aux ophtalmologistes sous prétexte de leur dégager du temps est une fausse bonne idée. Le contrôle pour lunettes, c’est la première ligne du dépistage, celle qui peut sauver la vue. Enfin, l’État met une pression considérable pour le tiers payant généralisé et prend, avec les complémentaires, le contrôle de la santé. Pour les jeunes ophtalmologistes, ceci constitue une autre source d’interrogation. Notre syndicat, le SNOF est de toutes les batailles pour nous protéger. Mais ne soyons pas pessimistes, nous exerçons une superbe et valorisante spécialité.
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