Marisol Touraine lance une stratégie nationale de santé sexuelle

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Publié le 28/03/2017

Coordonner les différents acteurs et aspects de la santé sexuelle en France. Telle est l'ambition de la stratégie nationale de santé sexuelle sur la base officiellement lancée par la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine mardi 28 mars.

Prévu pour se déployer entre 2017 et 2030, ce plan s'inscrit en aval de la stratégie nationale de santé dont elle constitue une déclinaison. Le texte entend placer l’éducation à la sexualité et à la santé sexuelle des plus jeunes « au cœur de leurs parcours éducatifs en santé » à travers une approche transversale incluant une réflexion sur le respect mutuel, l'égalité filles-garçons, et la réciprocité et consentement des relations sexuelles. « Une attention particulière sera portée aux adolescents de moins de 15 ans dont 20 % sont déjà entrés dans la sexualité », peut-on lire dans la stratégie.

Pas de budget dédié

Un comité de pilotage, dirigé par le Pr Patrick Yeni, président du Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS, dont les recommandations ont en partie servi de base à la stratégie) doit se rassembler dans les prochaines semaines. « Tout est encore à faire, affirme le Pr Yeni au « Quotidien », nous devons identifier les membres du comité, établir un calendrier et des indicateurs de santé sexuelle afin de mesurer l'efficacité de cette stratégie nationale. »

« Cette stratégie apportera essentiellement de l’organisation et de la coordination entre les différents acteurs de la santé sexuelle, poursuit le Pr Yeni, Certains pays, disposent déjà d’une telle stratégie, qui est un concept défendu par l’OMS. La santé sexuelle doit être abordée de façon globale, et non plus sectorielle en fonction des acteurs et des sujets. L’idée n’est pas de révolutionner la pratique des soins mais de coordonner les différents acteurs. Prenons l’éducation à la sexualité par exemple, nous allons organiser la coopération entre les médecins, les associations et l’éducation nationale. »

Les acteurs du premier recours mis en avant

Le plan vise notamment à renforcer l’offre de prévention, de dépistage et de prise en charge en santé sexuelle autour des professionnels de premier recours. L'une des mesures avancées est la promotion de la consultation de contraception et de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) prévue par la convention médicale 2016-2021 pour les jeunes filles mineures et de préparer son extension, à terme, pour les garçons.

En ce qui concerne les populations vulnérables ou exposées au VIH le texte prône la diversification de la prévention, à travers l'accompagnement et la sécurisation de l’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour certains publics et la facilitation de l’accès au traitement post-exposition pour le VIH et le virus de l’hépatite B. En population générale, la stratégie insiste l'usage du préservatif comme outil de prévention privilégié, en associations avec d'autres mesures comme l'augmentation de la couverture vaccinale contre le virus de l’hépatite B et le Papillomavirus.

Plusieurs acteurs ont réagi positivement à l'annonce du ministère. Ainsi, la Fédération française de sexologie et santé sexuelle (FF3S) et le Syndicat national des médecins sexologues (SNMS) ont salué « la reconnaissance, pour la première fois en France, de la santé sexuelle dans la prise en charge des maladies chroniques ».

Pour le Dr Rosa Carballeda, présidente de la FF3S, « c’est une évolution sociétale majeure, aussi bien pour les professionnels que pour les patients ».


Source : lequotidiendumedecin.fr