Le seuil de viabilité de la prématurité, encore fixée à 24 semaines d'aménorrhée (SA) en France, s'est déplacé aux États-Unis. Une étude publiée dans « The New England Journal of Medicine » montre des résultats encourageants dans une cohorte de plus de 4 000 enfants nés de façon extrêmement prématurée, entre 22 et 24 SA.
Cette étude menée avec le soutien des Instituts Nationaux de la santé américains (NIH) montre que la survie à 18 et 22 mois d'âge corrigé a augmenté de 30 % (424/1 391) sur la période 2000-2003 à 36 % (487/1 348) sur la période 2008-2011. De plus en plus d'enfants survivent sans séquelles neurodéveloppementales, le pourcentage passant de 16 % à 20 % sur les mêmes périodes.
Contrairement aux craintes de certains experts, l'avancée dans la prise en charge des extrêmes prématurés ne s'est pas traduite par une augmentation de la proportion des enfants avec handicap. Malgré ces grands progrès, l'incidence de la mortalité des troubles neurodéveloppementaux et d'autres problèmes reste élevée dans cette population.
Informations aux familles
Dans l'étude, les enfants étaient considérés comme ayant un trouble du neurodéveloppement s'ils présentaient au moins l'un des problèmes suivants : infirmité motrice cérébrale modérée à sévère, troubles de la fonction motrice, perte auditive profonde, trouble visuel profond, troubles cognitifs.
« Notre étude apporte des informations importantes pour les médecins et les membres de la famille organisant les soins à ces nouveau-nés extrêmement fragiles », estime le Dr Rosemary Higgins, de l'Institut national Eunice Kennedy Shriver pour la santé de l'enfant et le développement humain.
Le Dr Higgins souligne néanmoins que ces résultats ne permettent pas de prédire le pronostic individuel d'un enfant. « Chaque individu est différent et aucune source d'information seule ne peut prédire précisément les chances de survie ou de handicap d'un bébé », explique-t-elle.
Un suivi à prolonger jusqu'à l'âge adulte
« Les Américains sont en avance sur nous, explique le Pr Jean-Christophe Rozé, pédiatre en néonatalogie au CHU de Nantes. La zone grise de la viabilité s'est déplacée outre-atlantique vers 22-24 SA, alors qu'elle est toujours en France à 24-25 SA. Les moyens dédiés ne sont pas les mêmes. On peine en France à appliquer les décrets de périnatalogie demandant une puéricultrice pour deux enfants. Or l'effectif en personnel est un critère déterminant connu pour la qualité des soins. Ce sont des choix sociétaux. »
Le suivi à plus long terme reste nécessaire. Comme le soulignent les auteurs, certains troubles peuvent s'atténuer et même disparaître, d'autres peuvent apparaître à l'âge scolaire. À ce sujet, le suivi de cohorte EPIPAGE-2 chez les enfants prématurés nés en 2011, sous la coordination du Pr Pierre-Yves Ancel, va bientôt donner des résultats à 5 ans, probablement d'ici l'été. « Certaines données manquent encore, note le Pr Rozé. Les parents peuvent avoir envie de passer à autre chose, c'est bien compréhensible, mais c'est important pour comprendre la santé de ces jeunes prématurés. Idéalement, le suivi devrait se poursuivre jusqu'à l'âge de 12 et 21 ans ».
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships