« Il ne se passe pas une semaine sans qu'un chef d'établissement, ou son équipe, ne soient désormais l'objet de menaces, d'insultes ou de séquestrations ». Ce constat amer est celui du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), qui remonte au créneau contre le « directeur bashing », dans une lettre adressée à Agnès Buzyn le 12 juillet. Le dernier épisode en date a eu lieu début juillet à l'hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre.
Jérémie Sécher, président du SMPS, explique par le menu à la ministre de la Santé le quotidien difficile des directeurs d'hôpital, « mis en cause dans les médias locaux, régionaux et nationaux, avec toutes les répercussions personnelles et parfois familiales que l'on connaît ». Le directeur de l'hôpital d'Antibes juge que la « multiplication » de ces situations réclame une « réflexion rapide et une action explicite des pouvoirs publics [en particulier sur la protection fonctionnelle, NDLR] afin de préserver et de soutenir des fonctionnaires qui font leur travail avec conscience et vigueur ».
Le SMPS estime aussi que l'opprobre médiatique est jeté sur l'ensemble de la profession alors que la responsabilité « directe » des cadres de direction dans les difficultés de l'établissement relève de « situations très rares et spécifiques ».
« À l’inverse, ajoute le syndicat, beaucoup de directeurs aux qualités reconnues ne sont pas bien positionnés, pour des raisons diverses, dans les groupements hospitaliers de territoire ou dans les directions communes. » Aucune évolution professionnelle satisfaisante n’existe aux yeux du syndicat des cadres hospitaliers.
Pénurie managériale
Le SMPS rappelle que cette dégradation de l'image du métier s'inscrit dans un contexte difficile pour les managers : selon le Centre national de gestion (CNG), le nombre de directeur d'hôpital a diminué de 19,6 % en dix ans. En 2017, 143 personnes ont intégré le corps des directeurs d’hôpital alors que 169 DH le quittaient... Le nombre de départs à la retraite est en hausse de 28,2 % entre 2016 et 2017. « Au moment où certains cultivent le "directeur bashing", il est essentiel de rappeler que les directeurs d’hôpital contribuent très fortement, à leurs dépens, aux recompositions territoriales et à la régulation de la dépense publique », écrit Jérémie Sécher.
Enfin, le SMPS rebondit sur la proposition du gouvernement de favoriser la nomination de contractuels sur des fonctions de directeurs d'hôpital. S'il n'y est pas « défavorable par principe », le SMPS rappelle que les candidats à ces postes ne se bousculent pas au portillon. Cette pénurie managériale s'explique par des « conditions d'exercice difficiles et un nombre décroissant de postes disponibles ».
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