LE Dr HERVÉ HAAS tentera de répondre à la question « Pourquoi les vaccins sont-ils l’objet de controverses ? » En effet, plusieurs controverses sur les bénéfices et risques ont entamé la confiance du grand public, et ce, dès la découverte des premiers vaccins contre la variole par E. Jenner (1798) ou contre la rage par L. Pasteur (1885), et d’autant plus que le bénéfice de la vaccination est désormais occulté par la disparition des maladies infectieuses justement prévenues par vaccination. Qu’il s’agisse des polémiques portant sur le risque de survenue de mort subite du nourrisson associé au vaccin coquelucheux, d’autisme associé en Grande-Bretagne à la valence rougeole du vaccin combiné ROR, de sclérose en plaques associé au vaccin hépatite B, et plus récemment, de syndrome de Guillain Barré associé au vaccin contre la grippe A H1N1, leur point commun est la crainte d’une maladie grave, d’étiologie inconnue. Pourtant, les études conduites n’ont pas mis en évidence de lien de causalité, voire, dans certains cas, l’ont réfuté.
Protection individuelle et immunité de groupe.
L’efficacité des vaccins a permis la réduction ou la disparition d’un grand nombre de maladies (tétanos, poliomyélite, diphtérie, méningite à haemophilus, etc.) et de leurs conséquences graves (rubéoles congénitales, paralysies poliomyélitiques, cancers du foie et de l’utérus…). Celles-ci n’étant plus visibles, les personnes ont l’impression d’être à l’abri d’autant plus si elles ont une bonne hygiène de vie. Il en résulte une mauvaise perception du rapport bénéfices/risques des vaccins générant une confusion sur la gravité des maladies (par exemple, la grippe et le rhume), et des doutes sur l’innocuité et la tolérance des vaccins.
Or, la vaccination est la meilleure méthode de prévention des maladies infectieuses, avec un impact majeur sur la santé des populations. Le vaccin est un outil essentiel de santé publique ajoutant à la protection individuelle une immunité de groupe, bénéficiant aux individus non vaccinés. À l’avenir, elle va peu à peu sortir du cadre de l’infectiologie, pour s’orienter aussi dans la lutte contre des cancers n’ayant pas une origine infectieuse, contre des maladies de système (Alzheimer), ou encore contre certaines allergies.
Pour la réussite des politiques de vaccination (Paul Blanc, rapport sur la politique vaccinale en France, 2007), il a été montré que l’adhésion et la responsabilisation des individus est indispensable. D’où la nécessité d’améliorer l’information de la population pour une meilleure compréhension des recommandations vaccinales et des motivations qui les sous-tendent.
Dans ce contexte, les médecins ont un rôle clé à jouer auprès de leurs patients.
Après avoir rappelé les objectifs de la vaccination - protection des individus vaccinés et protection collective vis-à-vis des maladies infectieuses - le Pr François Denis va préciser « Les facteurs influençant l’évolution de la politique vaccinale en France ». En effet, la vaccination fait partie intégrante des politiques de santé publique. Elles sont influencées par différents facteurs : épidémiologie des maladies, recommandations de l’OMS, développement de nouveaux vaccins ou modification de vaccins existants… La situation épidémiologique doit être évaluée en continue car elle peut évoluer de façon spontanée (grippe) ou sous l’influence des stratégies vaccinales, ce qui nécessite une adaptation des programmes ou des vaccins. La stratégie vaccinale mise en uvre répond à des objectifs d’élimination ou de contrôle des maladies (élimination de la rougeole par exemple). Le taux de couverture vaccinale à atteindre dépend en grande partie de la transmissibilité du germe (95 % pour empêcher la circulation du virus rougeoleux). Les politiques de vaccination prennent également en compte des populations cibles : population générale ou groupes à risque (adolescents, adultes, migrants…) et la nécessité de réévaluer l’efficacité vaccinale sur le "terrain". L’arrêt de production de certaines valences ou l’arrivée de nouvelles présentations vaccinales influencent aussi significativement la politique vaccinale.
En conclusion, l’existence d’effets indésirables ou la survenue de coïncidences, et leur médiatisation modifient la perception de la vaccination. Le retour vers la confiance est alors long et incertain… D’où l’importance d’éduquer et d’informer la population sur la valeur des vaccins et de la vaccination, de façon claire, cohérente et objective.
D’après un entretien avec le Dr Hervé Haas (CHU Nice) et le Pr François Denis (CHU Limoges)
Session « Bénéfice et sécurité des vaccins : faits et spéculations. Comment en parler avec vos patients ? »
Parrainée par le Comité Vaccins du Leem, vendredi 19 mars 9 h 30 -11 h 00, code A16. Pour s’inscrire : www.lemedec.com ou secretariat@lemedec.com
Renseignements : 02 38 90 80 06
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