Pénurie médicale : seule une hausse de 20 % des étudiants formés atténuerait le creux démographique

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Publié le 23/09/2021
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Crédit photo : S Toubon

Le déclin de la densité médicale se poursuivra jusqu’à son « point bas en 2028 » (-5 % par rapport à 2021) pour ne retrouver son « niveau actuel qu’en 2035 ». Ce scénario de la DREES avait été dévoilé en mars dernier. Ce matin, les statisticiens du ministère de la santé ont mis à jour leurs projections sur les effectifs de médecins à l’horizon 2050 selon un scénario tendanciel de comportements et de législations constants.

Avec 8 700 étudiants admis en deuxième année et un flux de 1 200 praticiens diplômés à l’étranger qui commencent une activité en France chaque année (scénario tendanciel), les effectifs de médecins, tous modes d'exercice confondus, vont stagner à partir de 2022 jusqu’en 2030 (avec un creux marqué 2028) avant une hausse relativement importante jusqu’en 2050. La croissance annuelle moyenne des effectifs entre 2030 et 2050 devrait se situer autour de +1,5 %.

Logiquement, la densité médicale suivrait la même tendance. Elle se situerait à 309 médecins pour 100 000 habitants de 2022 jusqu'en 2030 (avec un creux en 2028) puis progresserait à nouveau jusqu'en 2050 (372 pour 100 000 habitants).

Disparités entre spécialités

Selon ce scénario, il faut noter le contraste entre spécialités en ville. En effet, le nombre de généralistes libéraux régresserait timidement jusqu'en 2028 (environ 200 praticiens en moins) pour progresser ensuite fortement jusqu'en 2050 (26 000 omnipraticiens supplémentaires sur la période). La courbe de la densité médicale suivrait d'abord cette baisse (de 92,4 généralistes pour 100 000 habitants en 2022 à 90,7 en 2027) pour rebondir à 126,2 en 2050.

Les spécialistes libéraux, eux, ne retrouveraient pas en 2050 le niveau d'effectifs de 2022. La baisse des effectifs serait constante – de 50 541 à 40 970 praticiens. La densité poursuivrait sa baisse jusqu'en 2040 pour progresser lentement ensuite jusqu'en 2050, sans toutefois retrouver le niveau de 2022.

Combler le trou démographique

Pour la DREES, compte tenu de l’augmentation parallèle de la population, seule une hausse de 20 % du nombre d’étudiants en formation permettrait de combler « ce creux démographique environ trois ans plus tôt ». Ce deuxième scénario prévoit un nombre de 10 400 étudiants admis en deuxième année par an et toujours 1 200 professionnels diplômés à l’étranger par an.

Résultat : dans cette meilleure hypothèse, les effectifs médicaux tous modes d'exercice stagneraient moins longtemps (jusqu'en 2025 au lieu de 2028) pour progresser ensuite de façon continue. Par ailleurs, la densité médicale régresserait jusqu'en 2028 pour remonter ensuite jusqu'en 2050.

Une telle hausse de 20 % redonnerait de l'oxygène aux généralistes libéraux. Leurs effectifs retrouvent le niveau de 2022 dès 2028 et la densité remonte à partir de 2026. Et pour l'ensemble des spécialistes libéraux hors médecine générale, les effectifs ne retrouvent pas le niveau de 2022 (50 600) même si contrairement au scénario tendanciel, le nombre progresse à nouveau à partir de 2040… 

Les déserts médicaux avancent

Quel que soit le scénario, la France se prépare à entrer dans quelques années difficiles de pénurie médicale. Même le ministre de la Santé, Olivier Véran, l'a reconnu, lors de l'Université d'été de la CSMF début septembre. « Le numerus clausus a fait beaucoup de dégâts. On aura encore deux ou trois années difficiles », a-t-il déclaré. 

Dans ce contexte, une autre étude de la DREES publiée ce mercredi tire le signal d'alarme. Entre 2016 et 2019, l’accessibilité aux généralistes s'est détériorée davantage (-10 %) dans les communes qui étaient déjà les moins bien dotées.

3 % de la population – soit 1,7 million de personnes – font partie des moins bien lotis en termes d’accessibilité à la fois aux généralistes, aux infirmiers et aux kinés. Les trois quarts de ces personnes vivent dans des territoires ruraux.


Source : lequotidiendumedecin.fr