C'est un coup de gueule d'une dizaine de syndicats et représentants* des médecins libéraux. Dans un courrier au président de la République, ils dénoncent « l'insuffisance » des nouvelles dispositions mises en place pour l'approvisionnement en masques, sujet qui fait polémique depuis plusieurs jours.
Selon eux, le mode de distribution via les groupements hospitaliers de territoire (GHT) est « inadapté et inefficace » et les masques font défaut dans de nombreuses structures comme les centres de radiothérapie, d’imagerie, les laboratoires de biologie médicale, d’anatomopathologie, les cabinets médicaux, les établissements de santé de SSR et de psychiatrie, l’hospitalisation à domicile et le secteur médico-social.
« Avec plus de trois millions de soignants sur le territoire et un usage recommandé de trois masques par jour, les soignants auront besoin dans les prochains jours d’un minimum de dix millions de masques par jour au niveau national, FFP2 et chirurgicaux, estiment les libéraux. Cela sans compter les besoins des forces de sécurité, des commerçants de proximité et de nos concitoyens… »
Levée des contraintes douanières
Pour garantir ce chiffre, les structures syndicales plaident pour une amplification du recours à l’importation de dispositifs issus de filières étrangères — pour le moment limitée par les réglementations françaises et européennes sur le marquage des produits.
Ils demandent donc que « toutes les mesures soient prises pour permettre l’entrée sur le territoire national de masques », notamment en levant sans délai les obligations de marquage CE pour les importations, dès lors que les produits sont estampillés d’un marquage internationalement reconnu, en levant toutes les contraintes douanières et toute limitation de nombre.
Les libéraux réclament la suppression du principe de réquisition des importations au-delà d’un seuil, issu du décret du 20 mars 2020, « ce qui engendrera une orientation de cette production vers les stocks d’État et leur inscription dans des circuits de distribution incompatibles avec les besoins de terrain ». Selon eux, « charge à l’État d’activer ses filières de production pour ses propres stocks » mais aussi d'anticiper les pénuries annoncées de matériels sur les consommables ou les médicaments.
Dépistage prioritaire pour les soignants
Enfin, ils implorent de renforcer les capacités de dépistage avec un accès prioritaire pour les soignants et d'étendre les mesures de protection par masque « à l’ensemble des professionnels du soin et de l’accompagnement », et non aux seuls professionnels directement en contact avec les malades positifs au COVID-19.
« Nous sommes confrontés à une hausse inquiétante de l’absentéisme lié à l’inquiétude des professionnels non protégés, et à une hausse de professionnels contaminés, tenus de se mettre à l’écart des troupes qui vont prendre en charge les malades, soulignent les signataires de la lettre. Ce manque de protection met en péril la continuité de soins dans la durée et notre capacité à lutter collectivement contre l’épidémie. »
Les libéraux appellent à une réflexion « urgente » dans le cadre d'une structure de pilotage à laquelle ils souhaitent participer. « Nos professionnels sont engagés chaque jour, dans une guerre sanitaire, salués chaque soir par nos concitoyens. Ils ont des droits envers nous : levons les barrières administratives pour les protéger », concluent-ils.
* Avenir Spé, le Bloc, la Conférence médicale d'établissement de l'hospitalisation privée, le CNPS, la CSMF et les Spécialistes-CSMF, la FHP, la FMF, MG France, le Syndicat des anesthésistes-réanimateurs (SNARF), le SML, l'UFML et la conférence nationale des URPS de médecins libéraux.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier