Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publie sur son site l'évaluation du 5e Plan national de lutte contre le VIH-sida et les IST (2010-2014). Pas moins de 38 recommandations y sont formulées, couvrant la prévention, le dépistage, la prise en charge médicale mais aussi sociale.
Les limites du plan
Le Haut Conseil reconnaît que le plan lancé en novembre 2010, a bénéficié d'un réel consensus. Toutefois, il en souligne les limites. « Plan du ministère de la Santé, le PNLS ne s’imposait pas aux autres départements ministériels… plan national, il ne s’imposait pas aux ARS qui sont maîtresses de leurs orientations stratégiques… plan VIH-IST, il paraît n’avoir joué son rôle… que dans le domaine du VIH, la question des IST étant restée non traitée alors même qu’une recrudescence des infections était signalée », souligne le HCSP.
Parmi ses recommandations, le HCSP souhaite qu'une stratégie nationale globale de santé sexuelle soit mise en oeuvre incluant la lutte contre toutes les infections sexuellement transmissibles, avec des outils spécifiques au VIH. Le Haut Conseil appelle à « tout faire pour atteindre l'objectif de traitement 90-90-90 de l’ONUSIDA » : 90 % des personnes vivant avec le VIH doivent connaître leur statut VIH ; 90 % de ceux qui se savent séropositifs reçoivent un traitement ; 90 % des personnes sous traitement doivent avoir une charge virale supprimée.
L’expérimentation des centres de santé sexuelle est restée à l’état embryonnaire, en partie en raison du retard pris par la réorganisation du dispositif CDAG/Ciddist. Les nouvelles dispositions ont été publiées en juin 2015 pour une mise en application des CeGGID au 1er janvier 2016. Le rapport l'affirme : il convient de concevoir et de déployer effectivement une stratégie globale sur les IST (syphilis, gonococcie, infections à Chlamydia et hépatites), « actuellement inexistante ».
Rapport du groupe d'experts plébiscité
Le HCSP regrette que le plan, document « figé, rédigé une fois pour toutes », ne permette pas les ajustements nécessaires. « Dans une maladie infectieuse pour laquelle les données scientifiques sont très évolutives, un plan quinquennal… montre ses limites », précise le HCSP. Ce d'autant que la communauté médicale dispose de recommandations régulièrement mises à jour depuis 1990, sous la forme d’un rapport d’experts, « outil le plus utilisé et suivi par les acteurs du soin pour lesquels le plan est peu connu ». Le rapport du groupe d’experts sur la prophylaxie pré-exposition (PrEp) a permis à la ministre de la Santé d'annoncer le 23 novembre 2015 l’instauration d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour Truvada en prévention.
Le HCSP souhaite le maintien d'une publication régulière du rapport du groupe d'experts dont la place doit être mieux reconnue (aujourd'hui, il ne fait pas partie du comité de suivi du plan).
Implication des médecins de ville
Toujours, sur le volet de la prise en charge, le Haut Conseil déplore que l’implication des médecins de ville, en particulier en ce qui concerne les comorbidités, souhaitée par le plan soit « un échec ». Les freins sont tout autant du côté des patients que de celui des praticiens qui évoquent une prise en charge complexe et longue. « Cette difficulté avait été prise en compte par le plan qui prévoyait que soit fixée une "juste rémunération des services pour ces suivis ambulatoires de qualité". Or, cette action n’a pas été mise en œuvre », indique le HCSP.
Huit de ses 36 recommandations concernent le volet prévention avec notamment l'amplification de l'approche par populations (adolescents, étudiants, migrants, HSH, populations des DOM, populations trans, populations incarcérées...), le renforcement de la prévention combinée incluant la PreP et de l’accès au traitement auprès des populations les plus exposées. Le HCSP fait le constat d'une augmentation des nouvelles contaminations et de « l'échec patent » de la prévention chez les homosexuels (HSH).
Échec du dépistage généralisé de toute la population
Le dépistage généralisé de toute la population a été « la mesure la plus importante… mais la moins bien appliquée », note le HCSP. Aujourd'hui, « il ne correspond en fait ni à l’épidémiologie de la maladie en France ni aux pratiques médicales en médecine générale », poursuit le HCSP. Toutefois, elle a permis la mobilisation des généralistes qui réalisent désormais une part importante des tests, ce qui « peut être mis au service d’une stratégie mieux ciblée ». La montée en puissance des tests de dépistage rapide (TROD) en milieu communautaire (31 700 en 2012 à 61 600 en 2014) est une des réussites du plan.
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