Politique vaccinale : les syndicats de généralistes demandent au gouvernement de la cohérence

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Publié le 10/02/2017
conseil etat

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Crédit photo : S. TOUBON

L'ordonnance du Conseil d'État du 8 février, qui enjoint le ministère de la Santé de rendre disponibles d'ici six mois, les trois vaccins obligatoires des enfants de moins de 18 mois, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), indépendamment des autres valences, ne laisse pas les médecins indifférents. Certes, le Conseil d'État conteste les allégations des requérants autour des risques supposés des vaccins, et rappelle que les valences non obligatoires restent fortement recommandées par le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP). Certes, sa décision obéit à une stricte logique juridique.

Néanmoins, elle « met en jeu la responsabilité médicale des praticiens et donne raison aux associations de patients qui sont méfiantes au sujet des vaccins, notamment les tétravalents (DTP + coqueluche). Or, la coqueluche reste une affection extrêmement grave chez le nourrisson, qui peut être évitée grâce à la vaccination », a réagi ce 10 février la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).

« Je comprends que les juridictions doivent être cohérentes par rapport aux textes en vigueur », commente le Dr Claude Leicher. Mais le président de MG France ne voit qu'incohérence et impasse dans la mise en pratique. « Est-ce à dire que les laboratoires vont fabriquer des doses pédiatriques unitaires pour ces vaccins ? Alors que les vaccins conjugués répondaient au besoin de n'avoir qu'une injection ? Et pour quel prix ? Nous, médecins, sommes stupéfaits de voir se développer une politique de santé qui ne repose plus sur des arguments scientifiques », explique-t-il.

Décider, après le rapport Fischer

La décision du Conseil d'État entre aussi en dissonance avec la rénovation de la politique vaccinale, promise depuis la remise du rapport du Pr Alain Fischer, président du comité d'orientation de la concertation citoyenne, en novembre 2006, qui plaidait pour l'extension de l'obligation vaccinale aux onze vaccins pédiatriques.

Les syndicats déplorent l'absence de décision des autorités depuis. « L’extension des obligations vaccinales remplirait un double objectif : mettre en adéquation la loi avec les besoins de santé et répondre aux contraintes actuelles, de façon à ne pas mettre les médecins en position intenable d’un point de vue médico-légal », estime la CSMF.

« Il faut choisir, ne plus tarder à trancher : soit rien n'est obligatoire (mais à la charge des collectivités d'exiger les vaccins), soit tout est obligatoire (un changement de paradigme, plus simple », explique le Dr Leicher, en se positionnant résolument contre la clause d'exemption.

Pour l'heure, Marisol Touraine a indiqué « saisir ses services et ceux de l'Agence nationale de sécurité du médicament pour que l'État puisse mettre en œuvre la décision du Conseil d'État dans le délai imparti »


Source : lequotidiendumedecin.fr