Depuis Vancouver, où il participe au congrès organisé par l’International AIDS Society (IAS), le directeur de l’ANRS (France Recherche Nord&Sud Sida-HIV Hépatites) revient sur le cas de la jeune Française de 18 ans, infectée par le virus du VIH et en rémission depuis douze ans – un cas qui pourrait donner des pistes pour la mise au point d’un vaccin anti-VIH.
LE QUOTIDIEN : Que faut-il retenir du cas de cette jeune fille ?
Pr JEAN-FRANÇOIS DELFRAISSY : C’est un résultat rare, qui vient se rajouter à d’autres que l’on avait déjà décrits dans le cadre de la cohorte VISCONTI – une cohorte de 18 patients, dits « post-treatment controlers », capables de contrôler l’infection par le VIH malgré l’arrêt des traitements depuis plusieurs années. Eux aussi avaient bénéficié d’une mise sous traitement précoce. Notre système immunitaire est, dans l’immense majorité des cas, débordé par les capacités de multiplication du VIH, mais chez ces patients, le traitement précoce a donné à leur système immunitaire les moyens de contrôler l’infection.
Donc si, en pratique, cela n’a aucun retentissement immédiat pour les patients séropositifs (qui doivent continuer à prendre leur traitement), cela fait office de preuve de concept que, chez certains individus, la réponse immunitaire peut parvenir à contrôler la multiplication du virus.
Ce qui est inédit, c’est que, jusqu’à présent, la capacité à contrôler le virus avait uniquement été décrite chez l’adulte. C’est la première fois que l’on a 12 ans de recul sur le cas d’un enfant traité juste après la naissance. On ne peut néanmoins pas parler de « guérison », car on retrouve encore de l’ADN intégré dans les lymphocytes de cette jeune fille. On peut très bien imaginer qu’il y ait, à un moment, une rupture de cette protection. Il faut maintenant trouver le mécanisme qui explique le contrôle exercé par ce type de malades.
En quoi cette patiente apporte des pistes de recherche pour un vaccin ?
Il y avait trois hypothèses concernant cette patiente : soit son virus était différent et peu agressif (ce n’est pas le cas), soit il y avait un bruit de fond génétique qui expliquait son contrôle de l’infection – là aussi, la réponse est non, elle n’a par exemple pas de marqueur HLA-DR. La troisième hypothèse est qu’elle dispose d’une réponse immunitaire particulièrement bien adaptée au VIH – réponse que l’on est en train de disséquer.
On pense que les patients contrôleurs ont une réponse immunitaire particulière, avec une cinétique qui fait qu’elle se déclenche au bon moment de la multiplication du virus. C’est justement que l’on demande à un vaccin : préparer une réponse immunitaire adaptée et rapidement mobilisable. Si l’on trouve un mécanisme relativement précis, et que l’on dispose d’un vaccin qui induit le même type de réponse, alors on saura qu’on est sur la bonne voie. Mais là, on est encore dans la prospective.
Combien de patients contrôleurs existe-t-il dans le monde ?
On en distingue plusieurs sortes, à commencer par les contrôleurs spontanés, qui n’ont jamais été traités. Certains sont qualifiés d’« élites contrôleurs », qui maintiennent leur décompte de virus en dessous de 20 copies par millilitre. Ces contrôleurs spontanés représentent moins de 0,3 % des séropositifs.
Ensuite, on a décrit les « post-treatment controlers », comme cette jeune fille, traités très précocement. Ils sont plus fréquents : 4 à 5 %. Il y a aussi des contrôleurs que l’on a jamais identifiés car, en pratique, on ne peut pas arrêter un traitement. Pour l’instant, on n’a pas isolé de marqueurs suffisamment spécifiques pour identifier les patients chez qui l’on pourrait tenter d’arrêter le traitement.
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