LE QUOTIDIEN - Suite aux attentats du 13 novembre, les Cellules d’urgences médico-psychologiques (CUMP) ont été déclenchées quasi-immédiatement, le soir même. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Pr DIDIER CREMNITER - Actuellement, le nombre de personnes demandant à nous rencontrer diminue et le dispositif initial est allégé. Quatre à cinq mille personnes traumatisées sont venues consulter dans les postes d’urgence médico-psychologique mis en place par les CUMP. Il s’agit des mairies des XIe et Xe arrondissements, du service d’urgences de l’Hôtel-Dieu, de l’École militaire et de l’Institut Médico-Légal. Durant les premières heures qui ont suivi les attaques beaucoup de personnes ont également été vues dans les CHU parisiens. Enfin, au SAMU de Paris, une ligne de téléphone dédiée permet à toutes les personnes impliquées de s’adresser aux professionnels de la CUMP. Environ 250 soignants, psychiatres, psychologues et infirmiers ayant l’expérience du travail dans une CUMP et formés au psychotraumatisme, ont été mobilisés dans la capitale. Une forte activité a été également observée dans les CUMP de la région parisienne, en particulier en Seine-Saint-Denis, ainsi qu’en province, là où se trouvaient des familles touchées.
Pour permettre cette offre de soins en deux semaines, il fut nécessaire de déployer un renfort national en faisant appel aux CUMP de la plupart des régions françaises qui chacune nous adressa successivement une équipe de huit à douze intervenants. Trois semaines après les événements, la demande s’est réduite mais existe toujours.
Aujourd’hui, une trentaine de professionnels, psychiatres, psychologues et infirmiers, continuent à être mobilisés à Paris : il ne faut pas relâcher les efforts, de manière à prévenir l’installation d’un syndrome psychotraumatique.
Quand estime-t-on que le dispositif pourra être fermé ?
Les soignants des CUMP resteront disponibles pour les personnes frappées par ces attentats encore plusieurs semaines, et davantage s’il le faut. Il est essentiel que parmi les rescapés indemnes, ceux qui n’ont pas fait la démarche de rencontrer un professionnel puissent le faire, s’ils le souhaitent, au moment où ils en ressentiront le besoin. Cette offre de soin modulable est destinée à s’adapter en permanence, selon la temporalité avec laquelle chaque victime en exprimera le besoin.
Est-ce bien la vocation des CUMP d’assurer le suivi des consultants ?
La grande majorité des personnes traumatisées a besoin d’une écoute particulière précoce, et nous sommes en mesure de revoir plusieurs fois les personnes qui en exprimeront le besoin et un suivi spécifique sera mis en place par les CUMP.
Pourquoi est-ce si important que l’accueil des victimes et des proches soit fait par une CUMP et non par un autre type de cellule psychologique ?
Dans les CUMP, les soignants ont une grande expérience de terrain et sont formés à la psychotraumatologie. Le syndrome psychotraumatique se caractérise par une clinique particulière, comme les symptômes de déréalisation, de dépersonnalisation ou de conduite automatique, le sentiment d’être en roue libre. Il faut prendre le temps et avoir l’habitude d’aborder ce type de symptômes et reconnaître ces patients dans ce qu’ils ont vécu.
Quel bilan à 3 semaines tirez-vous de votre intervention ? Des avis discordants se sont fait entendre, notamment par la voix du Pr Humbert-François Boisseaux, psychiatre au Val-de-Grâce, qui a dénoncé dans le magazine « Le Point » un « déficit organisationnel majeur », le qualifiant même de « scandale » à Paris, par rapport à Lyon ou Poitiers.
C’est incompréhensible, je suis très surpris de ces propos. Je le connais et avais tenté de le joindre dans les premiers jours après les attentats mais il ne m’a pas rappelé. Aujourd’hui le bilan est satisfaisant. L’appel au renfort national a permis de mobiliser rapidement une équipe importante, ce qui était totalement justifié compte tenu des circonstances exceptionnelles. Ce recours, nous l’avions anticipé après les attentats de janvier.
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