LE QUOTIDIEN : Pourquoi est-il urgent de « s’attaquer » à la maladie d’Alzheimer par d’autres approches que les biothérapies très investies par l’industrie ?
Pr HERVÉ CHNEIWEISS : Les essais cliniques représentent des coûts dix à cent fois supérieurs au budget annuel de la FRM. Mais l’échec des essais cliniques en cours signerait pour longtemps le retrait de l’industrie d’un domaine où l’évaluation des résultats prendra tellement de temps, 10 à 15 ans pour les stratégies de prévention, qu’aucune molécule d’intérêt ne sera rentable. Seule une recherche sans but lucratif peut encore s’y consacrer. C’est important de bien faire le distinguo entre la recherche qui va conduire à la mise en place de traitements et les essais cliniques en cours.
Quels espoirs mettre dans les essais cliniques existants ?
Pour l’instant, il n’y a pas de médicament curatif. Les anticorps monoclonaux ciblent les agrégats amyloïdes montrés comme étant au cœur du problème, mais ne sont encore testés que de façon palliative. Les médicaments symptomatiques, de type anticholinestérasiques, sont plus que discutés. Il reste les stratégies cognitives qui visent à améliorer l’agilité cognitive, par exemple avec les rébus, les sudokus, les mots croisés. C’est sans doute la moins mauvaise des solutions en attendant de faire mieux. De nombreuses équipes travaillent en ce sens, comme celles du Pr Bruno Dubois à l’hôpital Salpêtrière (Paris), ou le Dr Laure Rondi-Reig à Neuroscience Paris Seine.
A-t-on une idée des voies de recherche à développer ?
L’étiopathologie n’est pas très bien connue en réalité. Il faut découvrir les processus en amont de la maladie. La Fondation ne fait pas de choix a priori sur la direction à prendre, car elle considère qu’en matière de sciences, on ne peut pas anticiper quelle sera la découverte de rupture. La révolution peut surgir de retombées de travaux issus d’un autre domaine. Toutes les voies sont valables pourvu que les projets défendus soient excellents.
Sur quels critères sont retenus les projets de la FRM ?
L’excellence et la compétitivité des équipes. La FRM est totalement indépendante dans ses choix. Toutes les équipes peuvent déposer des projets à la seule condition d’un prérequis : la labellisation par une instance nationale type INSERM et CNRS et internationale de très haut niveau. La compétition ne se fait pas entre n’importe qui. La qualité du projet est évaluée à la pertinence de la question posée, l’originalité de l’approche, l’interdisciplinarité et la faisabilité. Le label FRM est très sélectif, les chercheurs sont fiers de l’obtenir. C’est une forme de reconnaissance et cela fera levier pour obtenir d’autres fonds.
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