Un collectif baptisé « Manifeste Psy », qui regroupe 4 300 membres de la profession, a annoncé qu'il manifesterait, jeudi 10 juin, pour « alerter sur les risques » du remboursement des consultations de psychothérapie, et réclamer un dispositif global « respectueux des besoins des patients » et une base de remboursement plus élevée, avec dépassement d’honoraires.
Depuis quelques mois, les mesures se multiplient pour répondre à la souffrance psychique des Français constatée dans le cadre de la crise sanitaire. Il y a tout d'abord eu la mise en place du chèque psy pour les étudiants en détresse, puis la mise en place d'un « forfait psy » de dix séances remboursées pour les jeunes de 3 à 17 ans avec « troubles du comportement et signes légers à modérés de détresse psychologique ».
De son côté, la Cour des comptes a recommandé dans un rapport en février de généraliser le remboursement par la Sécu de dix séances chez le psychologue, comme c'est le cas actuellement dans quatre départements (Landes, Morbihan, Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne) pour les personnes de plus de 18 ans.
Mais la mise en œuvre de ces différentes mesures ne convient pas aux principaux concernés, les psychologues et psychothérapeutes.
Maintien de l'accès direct
Dans le détail, le collectif rejette tout d'abord le fait de conditionner à chaque fois l'accès au psychologue à une prescription du médecin traitant (sans accès direct). « Vous devrez partager vos souffrances les plus intimes avec votre médecin traitant, qui est souvent celui de la famille et le psychologue devra lui en rendre compte, ce qui est contraire au code de déontologie », estime le Manifeste Psy, pour qui la mesure revient à priver le patient « de liberté et d’une totale confidentialité ».
Par ailleurs, un forfait de dix séances d'une durée limitée (30 minutes pour la plupart des mesures concernées) « n'est pas adapté au travail psychothérapeutique ». « Les enfants peuvent avoir besoin de jeux, les ados et adultes de temps, l’expression verbale et émotionnelle ne se précipite lorsqu’on accompagne un patient de manière respectueuse », plaident les psychologues.
Dépassement d'honoraire
Enfin, le remboursement sur une base fixe – 25 euros pour le forfait psy, 30 euros pour le chèque psy, 22 à 32 euros pour les séances adultes – sans dépassement d'honoraire n'est pas non plus envisageable pour eux. « Sous-payé, le psychologue n’aura d’autre choix que de prendre les patients à la chaîne sans pouvoir leur offrir le soin et l’attention qu'ils méritent, cela signifie des patients à la file pour un revenu incapable de soutenir les cotisations sociales et autres charges », argumente Manifeste Psy.
Il demande donc un maintien de l’accès direct au psychologue psychothérapeute pour faciliter la démarche de soin et « ne pas encombrer les médecins déjà surchargés », et une base de remboursement avec dépassement d’honoraire et complément mutuelle autorisée. « Oui au remboursement, mais pas n’importe comment », concluent les psychologues.
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