Depuis leur création il y a 12 ans dans le 1er Plan Cancer (2003-2007), les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) ont permis d’optimiser le traitement du cancer du sein, d’uniformiser les pratiques mais aussi de personnaliser la prise en charge. L’état de santé, les antécédents mais aussi les choix personnels rentrent en ligne de compte. La patiente est au centre du dispositif et devient actrice de son traitement.
« Même des cas dits simples peuvent poser des problèmes », explique le Dr Christine Tunon de Lara, chirurgien à Bordeaux, lors d'une conférence de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (1). Toute patiente ayant un cancer du sein voit aujourd’hui son dossier examiné en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Tous les dossiers ne sont pas discutés, mais tous sont enregistrés. Dans la situation où le cas de la patiente est prévu par les recommandations, la RCP post-chirurgicale s’assure alors que les référentiels sont bien appliqués. Et il y a toutes les situations où le cas de la patiente n’est pas prévu, « les zones grises ».
« La décision n’est plus évidente par exemple en cas de seins volumineux, de sclérose en plaques, ou en oncogériatrie, quand 24 % des cancers du sein surviennent après 70 ans », reprend le Dr Tunon de Lara. C’est aussi le cas en cas de grossesse, de greffe (rénale), d’antécédent d’autres cancers (Hodgkin), ou d’autres maladies chroniques graves (diabète). « Cela concerne souvent les discussions de chimiothérapie, précise le Dr Béatrice Barreau, radiologue à Anglet. Les arguments pour/contre sont soupesés dans la balance bénéfice/risque. »
Si le plan personnalisé de soins (PPS) est élaboré en RCP post-chirurgicale, c’est le médecin qui le met en place avec la patiente. La décision collégiale n’est pas là pour se substituer à la relation singulière médecin -patiente. « Les femmes sont inquiètes si l’enjeu n’est pas explicité, "je ne suis pas comme les autres, cela doit être grave" se disent-elles », explique le Dr Barreau. Informées du caractère obligatoire de la procédure, les femmes sont rassurées et adhèrent mieux au traitement.
« La femme garde la liberté d’accepter ou pas, poursuit-elle. Si la patiente refuse le PPS, il faut lui proposer un plan B. La patiente peut aussi demander un 2e avis via le médecin. Le médecin coordonnateur se charge alors de transmettre le dossier à un autre RCP référente ». Le rythme des RCP est habituellement hebdomadaire, au moins 2 fois par mois. « En cas de 2e avis, il y a peu de perte de temps, car il s’agit de gros centres, avec 2 à 3 RCP par semaine », précise le Dr Tunon de Lara. Si la patiente est éligible à un essai clinique, la RCP le lui propose. Le choix de la patiente est respecté, rien ne peut se décider sans son consentement, elle est au centre du dispositif.
(1) Conférence de la SFSPM du 22 septembre 2015, en présentation des 37es journées qui auront lieu à Bordeaux du 11 au 13 novembre 2015 avec pour thème la pluridisciplinarité en sénologie.
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