Helen Boucher, de Boston, était chargée de faire le point sur les nouveaux antibiotiques anti-Gram positives, la catégorie qui a connu la meilleure progression ces dernières années. Compte tenu des délais nécessaires au développement de nouveaux antibiotiques (une dizaine d’années, au minimum), on se retrouve dans une situation paradoxale, avec cette mise à disposition de molécules anti-Gram +, alors que l’émergence des bactéries multirésistantes est surtout préoccupante pour les bactéries Gram négatif (lire article ci-dessous), notamment les entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre élargi (BLSE), et les entérobactéries productrices de carbapénèmases (EPC).
Les trois molécules anti-Gram + récemment introduites aux États-Unis sont les suivantes :
Oritavancine
L’oritavancine, de la classe des lipoglycopeptides, sorte de « super-vancomycine », est particulière par sa très longue demi-vie (10 jours), qui permet de proposer un traitement en monoprise, par voie intraveineuse, avec des concentrations actives pendant plus d’une semaine dans le sang et dans les tissus. Comme beaucoup de ses semblables, cette molécule a été évaluée dans deux grands essais de non-infériorité (SOLO-1 et SOLO-2), pour le traitement des infections bactériennes aiguës de la peau et des tissus mous, avec plus de 1900 patients inclus. Grâce à une efficacité et une tolérance comparables à celles de la vancomycine, cette molécule a obtenu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) par la Food & Drug Administration (FDA).
Des résultats moins bons dans les infections osseuses, et les interactions avec certaines anti-vitamines K, sont deux réserves pour l’usage de cette molécule.
Dalbavancine
La dalbavancine, elle aussi de la classe des lipoglycopeptides, plus proche de la teicoplanine, possède également une longue demi-vie (8,5 jours), qui autoriserait son administration en une injection par semaine (voire une injection unique). Également évaluée dans 2 grands essais de non-infériorité (DISCOVER-1 et DISCOVER-2), pour le traitement des infections bactériennes aiguës de la peau et des tissus mous, la dalbavancine a montré une efficacité comparable à la vancomycine (avec relais par linézolide), une bonne tolérance, et a obtenu l’AMM par la FDA.
La diffusion dans les tissus, y compris ostéo-articulaires, semble bonne, avec des taux thérapeutiques maintenus au moins jusqu’à J10.
Tédizolide
Le tédizolide est une nouvelle oxazolidinone, très proche du linézolide, mais avec une meilleure tolérance hématologique. Dans l’essai Establish, qui a comparé chez 700 patients l’efficacité du tédizolide pendant 6 jours, à celle du linézolide pendant 10 jours, pour le traitement des infections bactériennes aiguës de la peau et des tissus mous, la non-infériorité a été démontrée et la molécule a obtenu l’AMM par la FDA.
Les futurs développements potentiels sont les pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (essai en cours), et le traitement des infections à Mycobacterium abscessus, mycobactérie émergente naturellement multirésistante posant de nombreux problèmes thérapeutiques.
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