Un an après l’entrée en vigueur totale de la réforme du « 100 % santé », les audioprothésistes se font rappeler à l’ordre par la Cour des comptes. Chargé par la commission des Affaires sociales du Sénat de dresser le bilan de cette promesse d’Emmanuel Macron en 2017, François de la Guéronnière, président de section à la Cour, explique que cette nouvelle offre a représenté « 40 % des aides auditives vendues » l'an dernier.
Problème : cette augmentation massive des ventes entraîne un surcoût pour l’Assurance-maladie et les mutuelles. En audiologie, le panier sans reste à charge représentait, fin 2021, 40 % des aides auditives. Dans son rapport publié le 28 juillet, la Cour des comptes demande donc de baisser les prix des audioprothèses.
1,4 million d'unités remboursées
Si la réforme a permis une diminution du reste à charge, elle incluait un « mécanisme de régulation » qui prévoyait « une réduction du prix limite de vente dès lors qu'un certain volume serait excédé ». En l’occurrence, le seuil était fixé à 935 000 appareils sur l'année 2021, et 650 000 sur 9 mois.
Avec près de 1,4 million d'unités remboursées à fin novembre « ce volume a été dépassé, mais on n'a pas fait les réductions de prix », a souligné François de la Guéronnière devant les sénateurs, recommandant donc d'abaisser comme prévu le plafond tarifaire de 950 à 900 euros.
C'est non pour les audioprothésistes
Une baisse de 50 euros ? Les principaux intéressés ne l'entendent pas de cette oreille. Luis Godinho, président du Syndicat des audioprothésistes, « voit mal comment on pourrait imposer aux professionnels qui ont si bien joué le jeu une baisse de prix, d'autant plus que l'inflation correspond à peu près aux 50 euros » en question. « Certains réseaux affirment être déjà parvenus à réduire le prix d’achat à 850 euros, laissant supposer que cette diminution de 50 euros est atteignable », rétorque la Cour dans son rapport.
Principal financeur du « 100 % santé », l'Assurance-maladie n'évoque d'ailleurs pas cette piste dans ses « propositions d'évolution » de la réforme. Son dernier rapport « charges et produits » met plutôt l'accent sur une meilleure prise en charge des « fortes corrections » en optique, des prothèses capillaires pour les patients sous chimiothérapie, ou encore de l'orthodontie.
L'optique déçoit
Plus globalement, la facture prévisionnelle du 100 % santé pour l’Assurance-maladie et les mutuelles était estimée à 170 millions d’euros, mais le chiffre - « très optimiste » - reste difficile à dresser selon la Cour des comptes.
Au niveau des soins dentaires , le panier sans reste à charge représente une part très majoritaire des actes prothétiques (55 %) des actes prothétiques. En 2021, ils ont concerné 5,16 millions de personnes, contre 4,74 millions en 2018. À l’inverse, en optique, la réforme peine à prendre ses marques, car « il y avait déjà des offres favorables dans le secteur avant cela », rappelle François de la Guéronnière. En conséquence : les économies espérées chez les opticiens sont « inférieures aux prévisions », souligne la Cour des comptes.
Autre hic : la réforme du 100 % ne s’adresse pas aux patients n’ayant pas de complémentaire santé. Or « le renoncement aux soins était bien plus fréquent » chez ces personnes, analyse la Cour des comptes.
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