Remaniement : Véran conserve la Santé, Bourguignon hérite de l'autonomie (et Bachelot à la culture)

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Publié le 06/07/2020

Crédit photo : S.Toubon

Pas vraiment de suspense pour Olivier Véran. Le neurologue hospitalier de 40 ans a été reconduit ce lundi 6 juillet à son poste au ministère des Solidarités et de la Santé (avec exactement le même intitulé) au sein du gouvernement Castex. 

Jugé solide, bon communiquant et volontaire, le successeur d'Agnès Buzyn, propulsé le 16 février au démarrage de l’épidémie de coronavirus, s'est imposé comme l'une des figures politiques de ces derniers mois. Député socialiste de l'Isère de 2012 à 2015, le médecin avait été choisi par Emmanuel Macron pour construire le volet santé de son programme présidentiel en 2017. L’ex-socialiste devenu marcheur a été désigné à plusieurs reprises rapporteur du projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS). 

Décrit comme un « travailleur acharné » par son entourage, Olivier Véran va devoir s'atteler à des dossiers explosifs marquant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron : la loi bioéthique, l'élaboration du budget de la Sécu 2021 (PLFSS) dans un contexte de crise économique inédite et la réforme des retraites. Il sera néanmoins épaulé sur le dossier difficile de la dépendance par une ministre déléguée, Brigitte Bourguignon, députée LREM du Pas de Calais et actuelle présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, qui hérite de l'autonomie. 

A noter toutefois qu'Olivier Véran apparaît assez loin dans le protocole ministériel – à la douzième place alors qu'Agnès Buzyn était au septième rang dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe.  

Conclure le Ségur cette semaine : priorité numéro 1

Mais le tout premier dossier que le ministre de la Santé doit boucler dès cette semaine est celui du « Ségur », chantier prioritaire. Lancée le 25 mai par l'ex-premier ministre Édouard Philippe, cette vaste concertation pour refonder le système de santé devait aboutir dans les prochains jours à des accords sur les salaires à l'hôpital, les modèles de financement ou encore l'organisation territoriale. 

Avec le remaniement, le gouvernement a été contraint de repousser de quelques jours la réunion de clôture prévue en fin de semaine dernière, faute d'accord avec les organisations syndicales hospitalières. Après avoir proposé une enveloppe globale de 6,4 milliards d'euros aux paramédicaux, Olivier Véran a mis sur la table 400 millions d'euros pour les médecins hospitaliers, 150 millions d'euros pour les internes et 50 millions pour les externes. Un montant insuffisant pour les syndicats, qui réclamaient un chèque total de 7 milliards d'euros. 

Du côté des libéraux, l'ancien porte-parole des internes devra aussi convaincre. La crise sanitaire a laissé un goût amer aux médecins de ville, qui se sont sentis abandonnés et dépourvus de moyens de protection. Ils attendent d'Olivier Véran des arbitrages rapides pour la ville sur des revendications comme la mise en place d'un numéro de régulation libérale et des moyens supplémentaires pour le développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

Olivier Véran devra composer avec le nouveau premier ministre Jean Castex, un très bon connaisseur du monde la santé, et son directeur de cabinet qui n'est autre que Nicolas Revel, ex-patron de l'assurance-maladie. 

Surprise de taille dans ce gouvernement : Roselyne Bachelot, ex-ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy – qui laissa un souvenir mitigé à la profession médicale avec sa loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) –, retourne à la politique à 73 ans en devenant ministre de la Culture... après une longue parenthèse dans les médias depuis 2012.


Source : lequotidiendumedecin.fr