Aucun brancard dans les couloirs, un murmure de conversation à l'accueil et une salle d'attente fascinante de calme.
Aux urgences de l'hôpital Foch, établissement de santé privé d’intérêt collectif (ESPIC) à Suresnes (Hauts-de-Seine), trois personnes scrutent le petit écran et les images d'hôpitaux saturés par la grippe. Ce mercredi 11 janvier, le service du Dr Emmanuel Mathieu reprend son souffle. Décidé deux jours plus tôt par la cellule de crise réclamée par le médecin urgentiste, le plan d'action de l'hôpital porte ses premiers fruits. La grippe est toujours là, mais la gestion beaucoup plus fluide des patients n'entraîne plus de saturation du service. Le temps de prise en charge est revenu à la normale : un patient sur deux sort des urgences moins de quatre heures après y être entré.
40 % de patients en plus
Au plus fort de la crise, début janvier et autour de Noël, certains patients végétaient 18 heures, attendant dans les couloirs un scanner puis un lit. Le service a accueilli jusqu'à 197 personnes par jour, soit 39 % de plus que la moyenne. « Le souci n'était pas de voir les patients aux urgences mais de les placer ensuite, confirme le Dr Mathieu, 53 ans. Adapter les capacités d'accueil, on sait faire. Ça se complique sur le plateau médicotechnique. Le manque de lits d'aval reste le problème majeur. »
Outre le renfort d'une infirmière et d'une aide-soignante aux urgences, l'hôpital a « donné » dans un premier temps cinq lits de diabétologie et déprogrammé des séances d'éducation thérapeutique. Puis onze lits de chirurgie thoracique ont complété le dispositif, sans repousser aucune opération. Une note de service a circulé pour faciliter le prêt de lits si besoin.
Sans faire du délestage officiel, l'hôpital a alerté le SAMU et les pompiers pour leur suggérer de passer leur chemin. Foch a fait jouer la solidarité avec les établissements à proximité qui, eux aussi en tension, ont fait de même. « Tous les matins, on faisait le tour des services puis des hôpitaux de Rueil-Malmaison et de Saint-Cloud, raconte Anissa Le Mével, infirmière coordonnatrice des urgences. Le premier qui trouvait un lit avait gagné ! » « On a connu un gros problème d'aval mais ce n'était pas une situation catastrophique, tempère Marianne Brunet, secrétaire générale de cet établissement privé non lucratif. Nous étions au niveau de la cellule de crise sous tension, pas en plan blanc. Se tourner vers l'extérieur pour placer nos patients n'était pas toujours constructif, mais on était bien obligé de tenter le coup. »
Bed manager et chirurgie ambulatoire
Par précaution, même si la situation est redevenue normale en fin de semaine dernière, Foch a reconduit son plan d'action d'hôpital en tension pour le week-end et jusqu'à aujourd'hui. Si l'afflux de patients reprenait de plus belle, le dispositif serait-il suffisant ? En cas de nouvelle difficulté, la gériatrie, la médecine interne ou la chirurgie digestive pourraient être mises à contribution et des opérations non urgentes repoussées. Aux urgences, les personnels réclament davantage de postes et de lits en gériatrie pour gérer une éventuelle deuxième vague.
Pour le Dr Mathieu, la structuration en amont des urgences selon leur nature (sur le modèle des maternités) et non pas en fonction de la proximité de l'hôpital serait une première solution. En aval, comme plusieurs autres médecins, il souhaite la création d'un poste de « bed manager » pour gérer les lits en surpassant l'avis des chefs de service. « Si la crise perdure, l'effort devra être collectif », insiste le Dr Jean-Emmanuel Kahn, patron du pôle de médecine et « bed manager » bénévole. L’interniste aime à penser qu'une politique de « patient debout », volet le plus avancé en chirurgie ambulatoire, permettrait de fluidifier l'aval des urgences.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships