La psychiatrie ne devait plus être le « parent pauvre » du système de santé, promettait Agnès Buzyn en janvier. Quelques mois plus tard et à peine une semaine après la présentation du plan santé par le président de la République, la psychiatrie est toujours sous tension. Partout sur le territoire, les équipes de psychiatrie dénoncent la déliquescence de leurs conditions de travail. Focus sur quatre hôpitaux et services psychiatriques en crise.
À Saint-Étienne, douze médecins sur le départ
À Saint-Étienne (Loire), la situation du service de psychiatrie du CHU est alarmante. En janvier 2018, à la suite d'une visite de l'établissement, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dénonçait des « conditions de prise en charge portant des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées ».
Neuf mois plus tard, « la situation ne s'est pas améliorée », se désole Isabelle Bouligaud, infirmière en pédopsychiatrie et représentante FO du personnel. Plusieurs médecins psychiatres menacent même de quitter l'hôpital. « Une douzaine est déjà partie mais les PH estiment que six autres pourraient les suivre », précise celle qui travaille au CHU depuis plus de 20 ans. « Les médecins sont pressurisés ».
Après la visite du CGLPL, un collectif de défense a vu le jour au sein de l'hôpital : « La Psy Cause ». Soutenu par FO et la CGT, il a vocation à rassembler l'ensemble du personnel de psychiatrie. « Nous dénonçons nos conditions de travail depuis plus de dix ans, mais aujourd'hui, nous avons ressenti le besoin de nous organiser car la direction juge notre combat rétrograde », a justifié Isabelle Bouligaud. « Nous demandons simplement plus de moyens pour garder nos médecins. »
Après plusieurs actions en mai, le collectif a déposé un préavis de grève qui court jusqu'au 28 septembre. Il demande à rencontrer directement l'agence régionale de santé (ARS).
À Niort, le personnel occupe la cantine
Au 36è jour de leur mobilisation, les grévistes du service de psychiatrie du centre hospitalier de Niort (Deux-Sèvres) ont lancé une action étonnante. Ce mardi 25 septembre vers midi, un groupe a envahi les locaux de la cantine de l'établissement pour réclamer la tenue d'une réunion extraordinaire du comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Ils dénoncent la mise en danger des patients et du personnel causée par le manque d'effectif chronique que connaît l'hôpital. Depuis plus de cinq semaines maintenant, les syndicats demandent la création de postes de soignants et le recrutement de médecins.
Dans la foulée de cette action, les syndicats (FO et CGT) ont été appelés à la table des négociations par la direction, indique « La Nouvelle République ».
À Rouen, trois mois de grève pour rien ?
Le personnel du centre hospitalier du Rouvray, à Rouen (Seine-Maritime), pourrait bien replonger dans la crise, trois mois après avoir signé un protocole d'accord avec la direction. En cause, la non-application du gel de la mobilité du personnel entre les différents services de l'établissement pourtant prévue dans ledit protocole, détaille « 20 minutes ». La direction avait promis l'arrêt de la mobilité des agents depuis l'hôpital psychiatrique vers les services de jour jusqu'à la fin de l'année 2018. En riposte, les syndicats ont déposé un nouveau préavis de grève et appellent à débrayer le 27 septembre prochain.
A Amiens, vers la fin du mouvement ?
Plus de cent jours après le début de leur mouvement et après 74 nuits passées devant leur établissement, les grévistes de l'hôpital Pinel d'Amiens ont été appelés à la table des négociations. Ce mardi 25 septembre, une table ronde était organisée entre les syndicats, l'agence régionale de santé (ARS), la commission médicale d'établissement (CME) et une association d'usagers (UNAFAM) relate le « Courrier picard ».
Les employés de l'hôpital réclament la création de 60 postes (aide-soignants, paramédicaux et médecins) et la réouverture de deux services après le départ d'une dizaine de psychiatres en juin. En marge de la table ronde, une manifestation était organisée devant les fenêtres de l'ARS.
Quelques jours plus tôt, le personnel publiait une vidéo parodique dans laquelle ils interpellent Emmanuel Macron et Agnès Buzyn sur la situation de leur hôpital.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships