Les jeunes d'un côté, les praticiens installés de l'autre : c'est une journée à y perdre son latin pour la médecine libérale.
Rive droite, quelque 400 personnes sont attendues dans l'enceinte du Conseil économique, social et environnemental (CESE), à Paris, pour la grande conférence de la santé à l'initiative de Matignon. Ce raout dont Marisol Touraine « attend beaucoup » réunira des représentants des médecins (les jeunes, donc, et les hospitaliers), mais aussi des pharmaciens, paramédicaux, universitaires et institutionnels (Sécu, ministère…). L'événement, copiloté par le Pr Lionel Collet, conseiller d'État, et Anne-Marie Brocas, présidente du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), sera clôturé en fin de journée par Manuel Valls. Le Premier ministre aura à cœur d'ouvrir une page « santé » plus positive après le feuilleton très compliqué de la loi Touraine.
Mais de l'autre côté de la Seine, dans le XVe arrondissement, les cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux – qui boycottent cette grande conférence – feront la synthèse de leurs propres Assises. Ils devraient présenter des propositions communes préparatoires aux prochaines négociations conventionnelles.
Des sujets moins conflictuels
Qu'attendre de la grande conférence ? Ses deux pilotes le répètent. L'objectif premier sera de « dialoguer », et de dessiner l'avenir. « Nous avons reçu une centaine de contributions dont une grande partie se trouve sur le site du ministère, en accès libre », précise Lionel Collet au « Quotidien ». Elles proviennent en particulier de syndicats, d'Ordres, d'associations médicales ou paramédicales.
Des groupes de travail thématiques (formations, métiers, parcours) se sont réunis plusieurs fois cet été, dans une relative indifférence. Marisol Touraine ouvrira le bal, suivie du secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur, Thierry Mandon. Le président de l'Ordre des médecins, le Dr Patrick Bouet devrait également s'exprimer.
Six tables rondes sont programmées. Au menu : l'organisation des formations médicales et pharmaceutiques, le développement des compétences dans le parcours professionnel, les conditions d'exercice ou encore la protection sociale. « Ce rendez-vous s'est recentré sur des sujets moins conflictuels que la rémunération et le tiers payant, c'est assez habile », analyse un observateur du secteur.
« Nous serons dans un exercice qui peut s'apparenter aux conférences sociales, explique Anne-Marie Brocas. Il s'agit plutôt d'un processus de concertation. L'exercice est de préparer une feuille de route et non pas un livre blanc ou un projet législatif. »
Porte ouverte
Mais cette feuille de route aura-t-elle autant de poids, dès lors que les cinq syndicats représentatifs (FMF, CSMF, MG France, SML et le BLOC) ont opté pour la politique de la chaise vide ? « Nous avons laissé la porte ouverte à ces syndicats, se défend le Pr Lionel Collet. Nous avons d'ailleurs reçu des contributions de médecins libéraux, d'autres étaient dans le comité de pilotage. Nous avons aussi travaillé avec des jeunes médecins qui nous ont fait part de leurs préoccupations. » Le gouvernement n'a d'ailleurs pas manqué de souligner cette implication encourageante de la jeune génération médicale.
Nul doute que les syndicats seniors garderont un œil sur les travaux de la grande conférence. MG France confie qu'il enverra un observateur « car des annonces viennent d'être faites sur la formation universitaire », précise le Dr Claude Leicher, président du syndicat de généralistes, qui reste dubitatif. « Des conférences, des états généraux, on a on en a vu passer beaucoup, sans que cela produise de grands changements ».
La question des tarifs a été soigneusement mise de côté, dans l'attente des négociations conventionnelles. Quant aux modes de rémunération et au tiers payant, précise Lionel Collet, « la question a été abordée lors des réunions thématiques, il faut voir si cela ressortira le 11 février ».
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships