LE CHOLÉRA, qui avait disparu d’Haïti depuis plus d’un siècle, a fait sa réapparition dans le nord du pays la semaine dernière. L’information a été confirmée par le ministère de la Santé publique et les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) américain. Selon le ministre de la Santé publique, Gabriel Thimoté, l’épidémie aurait déjà touché plus de 3 000 personnes et aurait provoqué la mort de plus de 250 Haïtiens. Plus de la moitié (52 %) des décès sont survenus avant l’arrivée à l’hôpital. Les cas ont été recensés principalement parmi les communautés situées le long de la rivière de l’Artibonite, qui s’étend à travers plusieurs départements, « des régions qui n’avaient pas été directement affectées par le séisme », précise l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).
Une stabilisation.
Les autorités haïtiennes ont reçu l’appui de l’OPS, de l’ONU, de l’UNICEF mais aussi d’organisations non gouvernementales, comme Médecins sans frontières, dont une mission est venue prêter mains fortes aux équipes de l’hôpital Saint-Nicolas de la ville de Saint-Marc, dans lequel ont afflué des centaines de patients. La France a annoncé l’envoi d’une mission médicale d’urgence à partir des Antilles Françaises. Les autorités haïtiennes affirmaient toutefois, en début de semaine, qu’après la flambée des derniers jours, la situation semblait « sous contrôle » et que le nombre d’hospitalisations était en train de se stabiliser.
« Nous avons pris les mesures habituelles pour tenter de contrôler l’épidémie. Nous avons en particulier mis en place un centre d’accueil préhospitalier dans la ville de Saint-Marc pour éviter la congestion des hôpitaux », explique au « Quotidien » le Dr Claude Suréna, président de l’Association médicale haïtienne et coordonnateur national pour la santé. Le renforcement des mesures d’hygiène et la prévention sont indispensables, rappelle-t-il. De même, d’autres centres préhospitaliers de traitement du choléra devraient être ouverts. « Il semble y avoir moins d’affluence dans les hôpitaux et le nombre de nouveaux cas semble en diminution mais nous restons mobilisés pour éviter le pire », poursuit le praticien.
Le pire pour Haïti serait de voir l’épidémie de choléra s’étendre à d’autres régions, notamment à la capitale, Port-au-Prince, où des centaines de milliers de Haïtiens dorment toujours dans des camps de fortune quelques mois après le séisme du 12 janvier, qui a fait plus de 250 000 morts. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), cinq cas ont été confirmés dans la capitale, dont « quatre se sont révélés être des personnes originaires de l’Artibonite (nord) et une du département Centre ». Ces cas ne constituent pas « une propagation de l’épidémie car il ne s’agit pas d’un nouveau foyer d’infection ». Le bureau de l’ONU ajoute que « l’identification de ces cinq cas dans la capitale, bien qu’inquiétante, démontre que le système de surveillance de l’épidémie fonctionne ».
Un marqueur de pauvreté.
Maladie diarrhéique épidémique, strictement humaine, le choléra est dû à Vibrio cholerae, un bacille isolé en 1883 par Koch en Égypte. Deux sérogroupes sont responsables d’épidémies, le sérogroupe O1, le plus ancien, et le sérogroupe O139, apparu en 1992. La perte massive de liquide diarrhéique riche en électrolytes entraîne une déshydratation importante. En l’absence de système des d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable, la libération massive de vibrions cholériques dans l’environnement contribue au développement des épidémies. Selon l’OMS, le choléra est un bon marqueur de la pauvreté. La situation du choléra s’est aggravée ces dernières années avec de nouveaux pays touchés comme Madagascar en 1999 et l’Afrique du sud en 2000, alors que d’autres pays comme le Cameroun (7 869 cas dont 515 décès), le Tchad (2 508 cas, dont 111 mortels), le Niger (976 cas, dont 62 mortels), le Nigeria (29 115 cas, dont 1 191 mortels) sont touchés par des épidémies très importantes.
L’origine de l’épidémie haïtienne demeure encore inconnue mais comme le soulignent les CDC, les conditions favorables à la survenue d’une épidémie existent désormais en Haïti : infrastructures sanitaires insuffisantes avec un risque d’exposition important à des aliments et de l’eau contaminés et circulation du vibrion cholérique dans la population. Cependant, « près de 80 % des cas de choléra peuvent être traités avec succès grâce aux sels de réhydratation orale », souligne l’OPS.
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