Fillon adoucit son projet, la santé revient dans la campagne

Sécu : la grande explication

Publié le 23/02/2017
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Déminage et contre-attaque ! Accusé pendant des semaines d'être le fossoyeur de la Sécu, rendu inaudible depuis l'affaire des emplois présumés fictifs de sa famille, François Fillon s'est employé cette semaine à relancer sa campagne sur le très délicat terrain de la santé, un enjeu stratégique.

À l'invitation de la Mutualité française, mardi dernier, dans nos colonnes aujourd'hui (lire ci-dessous), le candidat LR recadre son projet santé, reconnaît des maladresses mais surtout s'emploie à rassurer jusque dans son propre camp. Avec dans sa besace des mesures beaucoup plus « vendables » sur la Sécu, bien différentes en tout cas du projet radical assumé lors de la primaire à droite.

C'était hier. Plus question de focaliser l'assurance-maladie obligatoire sur les ALD, encore moins de la privatiser. Aux oubliettes la distinction inexplicable entre « gros » et « petit » risque. Place au remboursement estampillé 100 % Sécu des dépenses de lunettes des enfants, aux consultations gratuites de prévention tous les deux ans et à un objectif de « zéro reste à charge » pour les soins optiques, dentaires et les dépassements d'honoraires, grâce à une meilleure articulation entre le régime obligatoire et les complémentaires. « L'idée n'est pas de revenir en arrière mais de clarifier », jure-t-on dans son entourage.

Débureaucratiser, un marqueur fort

Pour autant, François Fillon ne renonce pas à ses marqueurs : notre modèle social financé à crédit craque de toutes parts et doit être réformé ; le secteur devra faire des économies massives indispensables (20 milliards d'euros en cinq ans) ; il est urgent de débureaucratiser la santé ; le tiers payant obligatoire sera abrogé ; les 35 heures ont fait de lourds dégâts à l'hôpital… 

Il n'empêche : le discours et le ton ont changé. Cerise sur le gâteau, François Fillon promet, s'il est élu, des états généraux de la santé fin 2017, une autre façon de souligner que les réformes se feront en concertation. Marisol Touraine a ironisé sur le changement de cap de François Fillon, jugé factice. « Le flou jeté sur la peinture ne masque en rien le tableau d'ensemble, a taclé la ministre de la Santé. L'objectif reste le même : dérembourser. »

Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du médecin: 9558