Éditorial

Tous concernés !

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Publié le 10/11/2022

À chacun son combat dans la bataille pour le climat. La plupart des acteurs de cette tragédie mondiale avancent toutefois avec leurs contradictions. Lors de la COP 27 qui s’est ouverte dimanche, il s’agira d'aller plus loin dans les efforts consentis. Un bon nombre de pays dont ceux de l’Union européenne ont promis d'en faire davantage. Pourtant, la crise ukrainienne a souligné la forte dépendance de nos économies aux énergies fossiles. Cette conférence qui a lieu en Égypte doit aussi mettre l’accent sur les engagements supplémentaires à prendre pour aider les pays les plus pauvres à réaliser la transition. Sa tenue en Afrique est de ce point de vue tout un symbole : c’est le continent le plus affecté par le réchauffement, alors qu'il n'est à l’origine que de 3 % des émissions mondiales de Co2.

Parce que cette guerre de mouvement affecte la plupart des activités, les représentants du monde sanitaire ont eux aussi jeté leur bouteille à la mer. Mi-septembre, plus de 200 organismes et ONG spécialisées dans la santé ont appelé à un traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Les auteurs rappelaient que le réchauffement climatique crée « les conditions idéales pour la transmission des maladies d’origine alimentaire et hydrique et la propagation des maladies à transmission vectorielle ». Comme en écho, 250 revues scientifiques et médicales ont publié récemment un appel à l’aide climatique pour l’Afrique. Les dérèglements actuels font déjà payer un lourd tribut à la santé des populations africaines, soulignent les auteurs (16 revues médicales africaines), qui martèlent l’importance d’accroître les efforts : si nous n’agissons pas, la crise deviendra très vite le problème de tous.

Tout le monde concerné ? Les soignants ne sont en tout cas pas les derniers impactés. D'abord parce qu'ils pressentent les incidences sanitaires de la crise climatique. Ensuite, parce que le monde de la santé est dans notre pays à l’origine de près de 8 % des rejets de gaz à effet de serre. Il y a un an lors de la COP 26 de Glasgow, « Le Quotidien » avait montré comment les établissements tentaient de limiter leurs émissions. Malheureusement, dans le contexte de tension et de pénurie actuel, ce n’est pas pour eux la priorité des priorités. L'OMS a cependant décidé de joindre le geste à la parole : sur la quarantaine d'ateliers qu'elle propose à Charm el-Cheikh, l'un d'eux portera sur la décarbonation du secteur. Au-delà, notre dossier atteste cette semaine que la ville n’est pas en reste. Même si les efforts à ce niveau sont difficilement mesurables, de nombreux indices laissent penser que les médecins libéraux sont eux aussi en train de changer leurs pratiques. Cela se fait sur le terrain, loin des projecteurs, mais les conversions sont nombreuses. Et les facs à leur tour ont pris le train en marche. L'enjeu est d'importance, car les actions des professionnels ont aussi valeur d’exemplarité sur leurs patients. On peut espérer que les négociations conventionnelles qui ont démarré cette semaine accompagneront le mouvement, car c'est une demande du ministre. À quand un chapitre santé environnementale dans la Rosp ?

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin